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Grand Angle

Espagne : Le gouvernement veut interdire les soins aux sans-papiers

En Espagne, le droit à l’accès aux soins n’est plus un principe intangible des droits de l’Homme. Une nouvelle loi vient de fermer les hôpitaux aux sans-papiers. Une mesure promulguée par l’équipe de Rajoy afin d’économiser 500 millions euros. Mais qu’en est-il de la facture de ses effets secondaires ?

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Le 31 août prochain marquera la fin de la couverture médicale pour les sans-papiers en Espagne. Des centaines de milliers de Marocains seront affectés par cette décision. Une autre façon de stigmatiser davantage les étrangers chez le voisin du nord. La semaine dernière, le Bulletin officiel a publié un décret royal qui restreint, fortement, l’accès des immigrés illégaux aux services de santé à deux exceptions : en cas d’urgence et aux femmes enceintes. Le gouvernement de droite dirigé par Mariano Rajoy espère en appliquant cette mesure économiser quelques 500 millions euros. «La carte sanitaire est aux Espagnols». C’est par cette phrase que la ministre de la Santé, Ana Mato, a défendu l’exclusion des sans-papiers de bénéficier de soins médicaux. Selon elle c’est l’avenir des comptes publics de la santé qui est en jeu, sa pérennité passe «nécessairement par l’adoption de mesures urgentes» de cet acabit. Le supérieur hiérarchique de la ministre, et de la manière la plus simple, a expliqué «qu’il n’y a pas d’argents pour payer les services publics».

La fronde des médecins se prépare

Les ONG critiquent ouvertement l’application de cette mesure. Sur son site l’ONG Red Acoge, connue pour son action en faveur des sans-papiers, souligne que «limiter l’accès aux services de santé est une forme de réduction du doit à la santé. Un droit fondamental à la vie et à vivre avec dignité». Stigmatiser de la sorte un collectif revient à «aggraver la brèche de l’inégalité, du racisme et de l’intolérance», avertit un communiqué de Red Acoge. Outre la mobilisation du tissu associatif, des médecins se disent nullement concernés par l’application de cette mesure et comptent brandir, bien entendu au moment opportun, l’objection de conscience, reconnue dans l’article 32 du code d’éthique de cette fonction. La presse espagnole rapporte, en effet, la volonté manifeste de certains professionnels de continuer à prodiguer des soins aux immigrés en situation irrégulière «avec la même diligence» et «sans aucune discrimination».

La crainte d’effets secondaires

L’exclusion des sans-papiers d’accéder aux services de la santé risque de provoquer des effets secondaires chez la population en situation légale, susceptibles d’être contaminer par les maladies des irréguliers. Une option que défend, comme le rapporte El confidencial digital, dans son édition du samedi, Pilar Garcia Rotella, secrétaire de la direction collective de l’ONG Médecins du monde. Novembre 2011, un ouvrage publié en France intitulé "L’accès aux soins, des migrants, des sans-papiers et des personnes précaires : pour un droit universel aux soins" met en garde contre la tentation des politiques en temps de crise de dresser des barrières à l’accès des immigrés illégaux aux hôpitaux. Selon les auteurs de ce livre, Nathalie Simonnot (réseau international de Médecins du Monde), Patrick Peugeot (président de la CIMADE), Olivier Cha (médecin à la polyclinique Baudelaire) et Eric Favereau (journaliste à Libération) «ne pas soigner des étrangers ou des sans-papiers amplifie le risque d’épidémie». Les 500 millions euros que compte économiser la ministre espagnol de la Santé risquent de prendre l’eau.

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