Trafic de personnes, prostitution forcée, enfants soldats ou encore le travail forcé et asservi, autant d'actes criminels qui font perdurer l'esclavage en se reconfigurant sous de nouvelles formes, alerte l'Assemblée générale des Nations unies à l'occasion de la Journée mondiale pour l'abolition de l'esclavage célébrée le 2 décembre chaque année.
Ces formes contemporaines d'esclavage fleurissent encore, en grande partie à cause de la vulnérabilité exacerbée par la pauvreté, la discrimination et l'exclusion sociale, explique l'organe de l'ONU, estimant à plus de 250 000 le nombre d'enfants exploités aujourd'hui comme enfants soldats dans une trentaine de zones de conflit dans le monde.
Pour sa part, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que chaque année, 700 000 femmes, filles, hommes et garçons font l'objet d'une traite transfrontalière et réduits en esclavage. «On estime à 5,7 millions le nombre d'enfants soumis à un travail forcé et asservi, ce qu'on appelle aussi servitude pour dettes», fait savoir l’AG de l’ONU, estimant à 1,2 million le nombre d'enfants victimes de la traite.
Par ailleurs, selon le rapport du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, Tomoya Obokata, des priorités seront adoptées en fonction des approches axées sur les victimes et tenant compte de l’âge et du sexe. A cet égard, il sera guidé par la résolution 70/1 adoptée par l’Assemblée générale le 25 septembre 2015, intitulée «Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030», qui recense les groupes vulnérables auxquels une aide doit être apportée.
Dans ce cadre, des recherches thématiques sur la réalisation effective du Programme 2030, sont dans la ligne de mire du Rapporteur spécial, notamment supprimer le travail forcé, mettre fin à l’esclavage moderne et à la traite d’êtres humains, ainsi que les objectifs de développement durable particulièrement le travail décent et croissance économique, indique-t-on.
Au Maroc, ces phénomènes obligent tous les secteurs à la mobilisation. Reprenant les statistiques de la Commission nationale chargée de la coordination des mesures ayant pour but la lutte et la prévention de la traite des êtres humains depuis l'entrée en vigueur de loi 27-14 relative à la lutte contre la traite des êtres humains fin 2016, le ministre de la Justice Mohamed Ben Abdelkader a noté que 17 affaires ont été enregistrées en 2017, contre 80 en 2018 et 151 en 2019.
Concernant les personnes ayant été poursuivies en justice durant les trois dernières années, il a fait savoir que 585 individus, dont 144 femmes et 84 étrangers, ont été mis en examen. En ce qui concerne les victimes de la traite des êtres humains, le ministre a fait état de 719 personnes, dont 283 victimes d’exploitation sexuelles, 35 personnes exploitées dans les servitudes et 58 exploitées dans la mendicité. Les avis de recherches qui ont été émis au niveau national ont atteint 137, a-t-il ajouté, notant que 443 personnes ont été placées en garde à vue.