Le Front Polisario et des médias algériens ont salué, ces derniers jours, la position du parti de la Voie démocratique (Annahj Addimocrati). Dimanche dans un communiqué de presse, la formation politique d’extrême-gauche a appelé à «éviter l'escalade et la guerre au Sahara occidental» et «à adopter une approche de paix et de dialogue pour épargner à la région et à sa population le fléau de la guerre».
Mais dans sa sortie médiatique, la Voie démocratique a surtout réaffirmé sa position initiale du conflit, «appelant à l'adoption de chartes internationales et des décisions des Nations Unies pour résoudre la question du Sahara occidental, afin de parvenir à une solution qui garantisse le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Un rappel qui n’a pas manqué de susciter la controverse au Maroc, où certains y ont vu un écart par rapport au consensus des Marocains sur la première cause nationale.
Interrogé ce lundi par Yabiladi, Mustapha Brahma persiste et signe. «Notre position n'est pas nouvelle mais elle est plutôt fondamentale. Sur la question du Sahara, nous sommes pour la recherche d'une solution politique pacifique convenue sous la supervision des Nations unies qui ouvre la porte à la construction de l'unité maghrébine», déclare le secrétaire général du parti. Il a estimé que le communiqué d’Annahj n’apporte aucun changement quant à la position du parti, et a mis en garde contre «les conséquences de la guerre et ses dangers», notant que «la presse est en quête de buzz».
«J’aimerai souligner un paradoxe dans cette question. L'autodétermination a été adoptée par le roi Hassan II en 1981. Nous parlons d'autodétermination par négociation et dialogue politique, tandis que Hassan II a adopté l'autodétermination par référendum et a envoyé feu Abderrahim Bouabid (ex-premier secrétaire de l'USFP) en prison pour l'avoir refusé.»
Le Polisario a «réussi à faire bouger le dossier»
Pour le secrétaire général d’Annahj, «le Maroc officiel soutient les décisions des Nations unies qui adoptent l'autodétermination». «Toutefois, depuis 2007, l’ONU ne parle plus de référendum, mais d'une solution politique négociée qui garantit l'autodétermination, soit par indépendance soit par ralliement».
Quant aux réactions que le communiqué du parti a suscitées à Alger et à Tindouf, Mustapha Brahma a assuré que sa formation politique ne soutient pas toutes les positions du Polisario. «Nous ne sommes pas avec la RASD, mais nous soutenons le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui dans le cadre des conventions internationales et les résolutions de l’ONU», assure-t-il.
«Nous respectons les positions des autres partis et nous n'avons commis aucun crime. Nous avons dit que nous ne voulions pas la guerre et que personne n'y avait intérêt ; notre position est solide et pas nouvelle.»
Concernant l’argument du Maroc sur l'absence de solution quant au blocage du point de passage à El Guerguerate sans intervention militaire, en particulier après l'échec des Nations unies et de sa mission, Mustapha Brahma explique que «chaque partie regarde du côté qui lui convient».
«Le Polisario leur a montré depuis 1991 que la situation n'a pas bougé et il n’y a pas une véritable négociation, et l'impasse n'est pas dans leur intérêt. Ils ont cherché une méthode qui n'est pas la guerre pour attirer l'attention sur la question du Sahara, en amenant des civils à El Guerguerate», ajoute-t-il. «Je pense qu'ils ont réussi à faire bouger le dossier et sont retournés de là où ils venaient», conclut le secrétaire général d’Annahj.