Le gouvernement algérien ne cesse de répéter que le conflit du Sahara occidental est une affaire entre le Maroc et le Polisario et ne la concerne pas. Après quelques heures d’hésitation vendredi, la presse algérienne s’est saisie de l’opération menée le 13 novembre par les Forces armées royales à El Guerguerate. Le communiqué du département de Sabri Boukadoum, publié vers la fin de l’après-midi du même jour, a sonné le tocsin de la mobilisation générale des médias en faveur du Polisario. L’intervention des FAR est qualifiée par tous d’ «agression».
Depuis, le sujet occupe la une de la majorité des supports, qu’ils soient officiels ou dits «indépendants». S'ils s’accordent à répéter le même discours, certains brillent par le recours aux «fake news». La Une du quotidien El Khabar de ce lundi 16 novembre en est le parfait exemple. «Forte répression des masses sahraouies dans les territoires occupés». Un universitaire algérien déclare que «le royaume du Maroc n’est pas disposé à entrer dans une guerre ouverte avec le Front Polisario».
Le groupe Echourouk, à travers l’ensemble de ses publications (journaux, papier et en ligne, et TV), a manifesté un emballement prononcé dans la défense des thèses du mouvement séparatiste. Sa chaîne d’informations en continu a ouvert ses plateaux à son représentant à Alger. Depuis vendredi, Abdelkader Taleb Omar y a planté sa khaïma. Dimanche soir, il a répété ce qu’il avait déjà dit la veille mais cette fois en compagnie du porte-parole du «gouvernement sahraoui», Hammada Salma, depuis les camps Tindouf.
L’armée algérienne diffuse une vidéo sur ses compétences
Presque au même moment c’est la chaîne El Bilad qui diffusait une émission sur cette question avec des invités algériens. La veille le quotidien arabophone El Bilad a accusé d’une part le royaume de mener une guerre sur les frontières de l’Algérie, et d’autre part les Emirats arabes unis de préparer un embrasement de la région. De son côté Al Hayat TV n’a pas fait exception. Samedi, il a réalisé une interview avec Taleb Omar, et le lendemain son directeur général a abordé le même sujet dans son émission «Politique» en compagnie de son analyste attitré, un officier à la retraire de l’armée de l’air algérienne.
Le journal francophone El Watan, bien qu’il ne soit plus dans les petits papiers du pouvoir en place et ce depuis la disgrâce du général Toufiq, a tenté de jouer la même partition en pointant du doigt dans un article «la position inamicale des monarchies du Golfe».
Pour sa part le quotidien francophone l’Expression, la voie du Rassemblement national démocratique (majorité présidentielle) a choisi de lister les risques guettant la stabilité de l’Algérie pour conclure que «la menace qui s'exprime de manière aussi saillante que gravissime, c'est bien ce qui se trame à nos frontières, surtout les derniers développements à la frontière ouest avec le voisin marocain et ses tentatives de jouer les trouble-fêtes à travers l'affaire du Sahara occidental et les risques de voir la situation basculer dans une guerre frontale».
L’opération des FAR à El Guergeurate a permis également à l’armée algérienne d’étaler son arsenal dans une vidéo d’environ 20 minutes intitulée «Sauf l’Algérie», et diffusée samedi sur la chaîne publique algérienne. Une séquence marquée par des images montrant pour la première fois un tir d’un missile balistique de fabrication russe d’une portée de 300 km et ponctuée de passages extraits de discours du général Said Chengriha.