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Grand Angle

Covid-19 : Comprendre l’efficacité d’un vaccin et son action sur la maladie / l’infection

L’annonce du Maroc d’une opération massive de vaccination contre la Covid-19, précédée par celle des laboratoires Pfizer et BioNTech, suscitent plusieurs questions, dont celles relatives au rôle d’un vaccin dans la réduction du risque de transmission et son efficacité. Celle-ci diffère, en effet, entre les essais randomisés et les conditions dans le monde réel.

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Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

Deux annonces majeures ont été faites hier concernant la pandémie du nouveau coronavirus. D’abord, les laboratoires américain et allemand Pfizer et BioNTech ont annoncé avoir réalisé une première analyse intermédiaire de leur essai de phase 3 sur un vaccin contre le Sars-CoV-2, la dernière avant une demande d'homologation. Ils ont affirmé que le vaccin, en l'état actuel de la recherche, est «efficace à 90%».

Quelques heures plus tard, le roi Mohammed VI, qui présidait une séance de travail consacrée à la stratégie de vaccination contre la Covid-19, a donné ses instructions en vue du lancement, dans les prochaines semaines, d’une opération massive de vaccination contre la Covid-19. Une vaccination qui sera faite probablement par le vaccin du Chinois Sinopharm. Le Maroc est également en contrat avec Astra Zeneca et en contact avec d’autres laboratoires, dont Pfizer.

Efficacité et réduction du risque

Ces deux annonces suscitent tant de questions sur l’efficacité d'un vaccin ou son inefficacité en population générale, ainsi que les différences entre infection et maladie.

Dans une série de tweets, Natalie E. Dean, professeure adjointe de biostatistique à l’Université de Florida et spécialiste dans les maladies infectieuses émergentes et la conception d'études de vaccins à l'école de santé publique de l'Université Harvard s’est penchée sur ces questions.

Des tweets ayant été traduit et adaptés par l’infectiologue à l’hôpital Bichat-Claude-Bernard (Paris), Nathan Peiffer-Smadja.

Les deux chercheurs expliquent d’abord que «l'efficacité du vaccin mesure la réduction relative de l'infection / maladie suite à vaccin comparé à pas de vaccin ou placebo». «Un vaccin parfait aurait efficacité de 100%. Une efficacité à 90% veut dire une réduction du risque de 90%, si on parle d'infection», précise-t-on.

Deux cas de figures sont donnés comme exemple : «Si la personne n’est vaccinée et qu’elle a un contact à risque avec une autre testée positive, elle a 2% de risque d’attraper le virus. Alors que si elle est vaccinée et que l’efficacité du vaccin est à 90%, elle a 0.2% de risque de l'avoir», détaille-t-on.

Efficacité dans les essais randomisés vs efficacité dans le réel

Un vaccin peut alors «prévenir l'infection» si la personne est infectée par SARS-CoV-2, «prévenir la maladie» si la personne est infectée mais asymptomatique et «prévenir maladie sévère» si elle a des symptômes non sévères.

Et c’est justement le but des essais cliniques de phase 3 actuels sur «l'efficacité des vaccins pour prévenir la maladie Covid-19». «Ils évaluent dans critères secondaires si cela peut prévenir l'infection, ou si parmi les gens infectés cela peut diminuer la gravité de la maladie», ajoutent les chercheurs.

«L'idéal est un vaccin qui prévient l’infection. En effet, cela permet de diminuer le nombre de personnes pouvant transmettre SARS-CoV-2.»

Natalie E. Dean et Nathan Peiffer-Smadja

En effet, «si seule la maladie est prévenue, les patients peuvent être infectés et transmettre SARS-CoV-2». Et bien qu’un vaccin évite d'avoir des symptômes ou évite les formes sévères, «cela n'aura pas la même efficacité pour diminuer la transmission virale et pour atteindre la fameuse immunité collective».

Les deux chercheurs insistent sur la différence entre l’efficacité d’un vaccin (efficacy) lors des d'essais randomisés et des conditions rigoureuses, et son efficacité dans le monde réel (effectiveness). La première «surestime le plus souvent son pouvoir réel de protection dans les conditions réelles d’utilisation en routine».

A qui le dis-tu
Date : le 10 novembre 2020 à 19h19
Si le calcul est juste ça reste pas mal Ca veut dire si 1000 personnes ont un contact avec une personne infectée, 20 personnes l'ont contre 2 personnes sur une ville de 20000 habitants, ça donne 400 malades à gérer, contre 40. Ca fait une nette différence pour les flux hospitaliers
piducas
Date : le 10 novembre 2020 à 18h58
Le problème avec le dernier vaccin de Pfizer c'est qu'il doit être conservé a - 70° C. Déjà dans les pays développés on ne retrouve ce type de super-congélateur que dans les laboratoires d’essais et parfois les grands hôpitaux, alors ne parlons même pas de nos pays du Maghreb ... Les instituts Pasteurs, peut-être, Quand ils ne sont pas en panne.
Mouhammad1900
Date : le 10 novembre 2020 à 14h33
La plupart des vaccins des autres maladies ne sont pas pas efficaces à 100% et pourtant certaines maladies ont été éradiquées.
Newhorizon20
Date : le 10 novembre 2020 à 14h28
"«Un vaccin parfait aurait efficacité de 100%. Une efficacité à 90% veut dire une réduction du risque de 90%, si on parle d'infection», précise-t-on. Deux cas de figures sont donnés comme exemple : «Si la personne n’est vaccinée et qu’elle a un contact à risque avec une autre testée positive, elle a 2% de risque d’attraper le virus. Alors que si elle est vaccinée et que l’efficacité du vaccin est à 90%, elle a 0.2% de risque de l'avoir», détaille-t-on." Donc, dans les deux cas (2% et 0,2%), il y a un risque d'attraper le virus, avec ou sans vaccin, tant que le vaccin n'est pas parfait et efficace à 100%.
Dernière modification le 10/11/2020 19:19
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