Le premier à ne pas avoir apprécié le film «Tinghir-Jérusalem : les Echos du Mellah» n’est autre que Khalid Soufiani, le coordinateur du Groupe d’action et de soutien à l’Irak et la Palestine. Il l'accuse de vouloir normaliser les relations avec Israël. D’après le quotidien arabophone Attajdid, proche du PJD, Khalid Soufiani a demandé au Premier ministre Abdelilah Benkirane de créer une commission d’enquête en vue de déterminer les «auteurs de la diffusion d’un film de l’entité sioniste». Il veut aller plus loin et demande de criminaliser toute action ou opération qui encourageraient cette normalisation.
Histoire marocaine plurielle
«Ces gens sont hors sujet. Il se trouve qu’aujourd’hui la communauté des juifs de Tinghir vit en Israël. Si elle vivait en Papouasie, je me serais rendu en Papouasie ! Où qu’ils soient, ces gens restent des Marocains», lance Kamal Hachkar contacté par Yabiladi. Le réalisateur insiste également qu’après la diffusion de son film, il a reçu des centaines de messages de Marocains d’ici et de l’étranger qui l’ont remercié de leur avoir fait découvrir une partie de l’histoire du Maroc, une histoire oubliée dans les livres scolaires marocains.
«C’est un film qui appelle à la paix et à la tolérance. Le film dégage une envie de vivre ensemble. Ces personnes qui sont contre le film ne pensent qu’à elles-mêmes et ont un esprit étroit et stérile. Bien sur qu’il faut se battre pour que la Palestine ait un état libre mais il ne faut pas oublier qu’on a aujourd’hui une communauté juive marocaine. Je suis convaincu que les Marocains sont tolérants et qu’ils acceptent d’avoir cette histoire plurielle», poursuit-il.
Amnésie forcée
De son côté, Chakir Achahbar, président du Parti Renouveau et Equité, parti centriste, ne comprend pas cette polémique. Suite à notre demande, il a regardé le documentaire, un film qu’il a apprécié et trouvé réussi. «Malheureusement certaines personnes au Maroc ont tendance à voir l’histoire de notre pays à travers un prisme idéologique. Ce film a été traité sur le plan humain et émet des valeurs positives. Il lève le voile sur l’histoire marocaine contemporaine, une histoire qu’on tend à oublier à cause d’une amnésie forcée et c’est très grave.», explique-t-il. «Il faut assumer notre histoire et en être fiers. On n’a jamais eu de guerre de religion au Maroc et on voudrait nous faire croire le contraire», lâche-t-il avant d’inviter les détracteurs du film à réviser leur position.