Au grand dam de l’Algérie et du Polisario, la reprise de la série d'ouverture de consulats de pays africains au Sahara est imminente. La Guinée-Bissau devrait rejoindre le groupe des six Etats du continent ayant choisi cette voie pour exprimer leur reconnaissance de la marocanité du Sahara. Il s’agit du Burundi, Côte d’Ivoire, Comores, Sao Tomé et Principe, Gabon et la République Centre-Afrique.
Le processus de convergence de vues entre le royaume et la Guinée-Bissau a connu un coup d’accélérateur avec l’élection du nouveau président, en janvier 2020, d’Umaro Sissoco Embalo, avec 53,55% des voix contre 46,45% pour son adversaire Domingos Simoes Pereira. A cette occasion, le roi Mohammed VI avait félicité l’heureux gagnant pour sa victoire. Le souverain a notamment fait part dans son message de «Sa détermination à œuvrer, de concert avec M. Sissoco Embalo, à la consolidation de ces relations pour le plus grand bien des deux peuples».
Avec Embalo au pouvoir, les relations entre Rabat et Bolama ont évolué. En témoigne la signature, hier au siège du ministère marocain des Affaires étrangères, de quatre accords de coopération dans les domaines de l'industrie, du tourisme, du transport, de l'énergie et de la logistique. Un acte précédée par l’ouverture, le 19 octobre, de la nouvelle ambassade du Maroc à Bolama. Une cérémonie marquée par la présence du secrétaire d’Etat à la Coopération internationale, Augusto Gomez.
La Guinée-Bissau était, par ailleurs, sur la liste des pays africains ayant bénéficié de l’opération humanitaire d’envois d’aides médicales marocaines destinées à contrecarrer la propagation de la pandémie du coronavirus sur le continent. Un acte de générosité salué par Umaro Sissoco Embalo dans une lettre de remerciement adressée à Mohammed VI. «Nous sommes reconnaissants envers le Maroc. Ce don du Royaume ne me surprend pas, car le Maroc était toujours aux côtés de la Guinée-Bissau avant même la proclamation de l’indépendance de notre pays», avait-il écrit le 19 juin.
Mohammed VI s’est rendu en Guinée-Bissau en mai 2015
Toutefois il est lieu de signaler que le rapprochement entre les deux capitales a été initié sous la présidence de José Mario Vaz (2014-2020). La visite royale dans ce pays, du 28 au 30 mai 2015, a constitué un tournant historique dans les relations maroco-bissau-guinéennes. Un déplacement officiel, préparé lors d’une visite privée en décembre 2014, de l’ancien chef d’Etat José Mario Vaz, et qui s’est conclu par la signature de 16 accords de partenariat. Avec Embalo, alors premier ministre (2016-2018), Nasser Bourita avait reçu, le 25 mai 2018, un émissaire de l’ancien chef d’Etat Vaz au roi Mohammed VI.
Cette lune de miel entre les deux capitales a été précédée par le retrait de la Guinée-Bissau de sa reconnaissance de la «RASD» en 2010. C’était, d’ailleurs, la deuxième fois que Bolama opérait un tel acte, après celui de 1997 mais rompu en 2009.
Pour mémoire, les premières armes fournies aux résistants de ce pays provenaient du royaume. Amilcar Cabral, considéré comme le père de la nation, était parmi le groupe de jeunes d’africains qui s’entrainaient à la technique de guérilla au Maroc en compagnie de Nelson Mandela et des Algériens Houari Boumediene, Ahmed Ben Bella, Mohamed Boudiaf, ainsi que Agustino Neto (le premier président de la république de l’Angola entre 1975 et 1979).