Il importe de garder à l'esprit le fait qu'une partie de la solution nécessite les activités du secteur privé tout autant, si ce n'est plus, que les activités du secteur public.
Certains pays d'Afrique de l'Ouest, en particulier le Mali et le Burkina Faso, ont connu une croissance remarquable au cours des dix dernières années. Toutefois, il y a eu des problèmes : des conditions météorologiques défavorables et des parasites auxquels il faut s'attaquer chaque année, des problèmes durables relatifs notamment à la fertilité des sols, ainsi que la question de la possibilité d'améliorer la transformation et la commercialisation.
En dehors de la cueillette du coton à la main ou à la machine, les procédés de transformation et les circuits de commercialisation sont quelque peu différents aux Etats-Unis et en Afrique. Nos exploitants continuent de posséder la bourre de coton après l'égrenage. Ils ont aussi souvent d'immenses exploitations qui leur permettent de traiter directement avec les sociétés qui leur fournissent intrants, crédit, semences et conseils. L'Etat joue un rôle crucial en matière de classification et un rôle important dans le domaine de la recherche, mais la plupart du secteur cotonnier se caractérise par sa grande échelle et par son caractère privé.
Il est possible de transférer facilement certaines techniques modernes. Par exemple, de nombreuses entreprises d'Afrique de l'Ouest ont acheté des égreneuses modernes américaines. Le transfert d'autres techniques peut être plus compliqué car ces techniques doivent être adaptées à la situation locale.
L'Afrique se débat avec les changements techniques. La plupart des grands pays producteurs de coton utilisent des semences transgéniques. Ces semences sont vendues par des sociétés du secteur privé. Ces sociétés ont des objectifs à long terme et ne cherchent pas à faire rapidement des bénéfices au détriment de leurs clients. Elles veulent être compensées pour leurs travaux de recherche et de développement, mais surtout elles cherchent à avoir l'assurance que l'on mettra en place des mécanismes de contrôle de manière à garantir des résultats positifs.
Les semenciers veulent avoir en Afrique de l'Ouest de bons résultats qui renforcent leur réputation et leurs activités. Ils veulent que la plupart des profits dus à la nouvelle semence aillent à l'exploitant, aidant ainsi celui-ci, consolidant leur réputation et créant un marché durable pour leur produit. Les pays d'Afrique de l'Ouest examinent si cette nouvelle technologie constitue une bonne option et étudient les moyens d'établir des contrôles pour qu'elle fonctionne bien. Notre gouvernement peut aider vos gouvernements à évaluer la technologie et à mettre en place des mécanismes de contrôle.
D'autres changements sont peut-être plus difficiles à réaliser. Le coton est un produit de base vendu sur le marché international. De plus en plus, les matières synthétiques prennent une importance plus grande que celle du coton sur les marchés des fibres dans le monde entier. Aux Etats-Unis, le secteur cotonnier a élaboré des programmes destinés à inverser cette tendance alarmante, en faisant la promotion du coton auprès des consommateurs et en réduisant la tendance en faveur des matières synthétiques qui est apparente dans la plupart des pays.
Nous apprécions beaucoup votre ouverture d'esprit alors que nous explorons des possibilités mutuelles de création d'un environnement plus productif et plus rentable. La coopération en matière de promotion commerciale peut être avantageuse pour tous les pays producteurs de coton, qu'elle ait lieu entre Etats, entre le secteur privé et le secteur public ou entre secteurs privés.
Les Etats-Unis ont aussi créé le Compte du millénaire, nouvelle source de financement réservée aux pays qui sont désireux de soumettre des propositions et d'établir des critères pour améliorer la productivité de leur économie. Deux pays « C-4 » de l'Afrique de l'Ouest, le Bénin et le Mali, remplissent les conditions nécessaires pour soumettre des propositions. Il en est de même pour le Sénégal.
Le Compte du millénaire a pour objet de stimuler le secteur privé. L'Afrique de l'Ouest compte un grand nombre d'entrepreneurs habiles et travailleurs. Ceux-ci peuvent créer des emplois et de la richesse s'il existe un cadre juridique et politique adapté. C'est là le plus grand espoir pour l'Afrique : encourager des entrepreneurs à prospérer, notamment des chefs d'exploitations cotonnières.
Certaines organisations non gouvernementales répandent de fausses informations sur la politique des Etats-Unis, sur les industriels américains et sur la situation du marché mondial. Les attaques politiques dans la presse accompagnées de fausses informations défavorables aux entreprises et aux Etats étrangers peuvent susciter un soutien financier et autre pour certains de ces groupes de pression, mais elles n'aboutiront pas à une solution positive quelconque pour les personnes que ces groupes sont censés défendre.
Conformément à notre objectif qui consiste à encourager le secteur cotonnier local, nous sommes ici aujourd'hui pour parler des questions de développement liées au coton. Nous estimons que la voie du développement doit être distincte de la voie de la politique commerciale négociée au sein de l'Organisation mondiale du commerce.
Ces négociations donnent lieu à de nombreux compromis, et j'espère que, grâce à la bonne volonté et aux compromis de tous les Etats membres, nous pourrons parvenir à un accord.
L'accord de l'OMC pourrait avoir pour résultat le changement des règles régissant les programmes de soutien du coton dans le monde entier. Il est demandé aux pays en développement de participer aux réformes, de réduire les obstacles au commerce et les pratiques déloyales, mais à un degré bien moindre que les pays industriels. L'accroissement de l'ouverture de l'économie et de la transparence constitue un moyen bien établi de parvenir à la prospérité.
Les questions primordiales des négociations de l'OMC sont l'accès aux marchés, les subventions à l'exportation et les aides nationales. Si l'Union européenne, le Japon, le Brésil et d'autres pays sont disposés à entreprendre des réformes importantes dans ces domaines, il est probable que les agriculteurs et les hommes politiques américains accepteront également d'adopter des réformes dans ces mêmes domaines. Toutefois, il est tout à fait irréaliste de s'attendre à des mesures unilatérales avant la conclusion des négociations de l'OMC.
Notre réunion aujourd'hui n'entre pas dans le cadre des négociations de l'OMC. Il s'agit d'étudier des questions de développement et les liens connexes avec les secteurs public et privé des Etats-Unis. Nous espérons que nos discussions contribueront à mettre en évidence des possibilités pour vos gouvernements ainsi qu'à définir des problèmes sectoriels.
Les Etats ouest-africains peuvent créer un environnement propice à la commercialisation sur le marché mondial et aux investissements étrangers. Le secteur privé peut aussi jouer un rôle important. Par exemple, l'association professionnelle du secteur cotonnier des Etats-Unis, l'« U.S. Cotton Council », nous a beaucoup aidés pour analyser vos secteurs cotonniers, et si cette association ne fait pas des investissements ou des transactions commerciales, ses membres le font dans toutes les sept branches d'activité du secteur cotonnier américain, qui vont de la production de coton à la fabrication de vêtements.
Nous ne trouverons pas toutes les solutions aujourd'hui, mais nous espérons faire quelques premiers pas pour commencer la mise en train. Nous tenons à faire porter nos efforts sur les domaines auxquels vous attachez un grand intérêt et pour lesquels nous avons quelque chose de particulier à offrir. Nous tenons à vous faire participer à ce processus dès maintenant, de sorte que nous puissions échanger des idées et œuvrer de concert pour améliorer la coopération entre le secteur public et le secteur privé. signé :acharif moulay abdellah bouskraoui