Le jour descendait doucement, je marchais le long de la rivière, laissant les doux rayons du soleil couchant se baigner dans les flots. Le chemin guidait mes pas, la forêt enveloppait la fin du jour, alors que j’arrivais à un barrage dressé sur la rivière. C’était un barrage de pierres et de brindilles. L’endroit m’intriguait et m’appelait en même temps. L’eau ne parvenait à s’écouler que difficilement vers l’autre côté, s’accumulant douloureusement en amont. Je me posai sur une pierre au bord de l’eau. Les yeux clos, je voulais respirer l’instant, la brise déposant un léger frisson sur ma peau, le bruissement des feuilles enchantant mes oreilles. Le doux parfum de l’humus, des fleurs des bois et des framboisiers m’envoûtait. Je me concentrai sur le chant de l’eau. Je l’entendais tourbillonner et se cogner contre les pierres, comme une plainte à la fois de tristesse et de colère. C'étaient des mots, des cris peut-être, qui se heurtaient à tout mon corps. N’y tenant plus, craignant de rompre moi aussi, je commençai à dégager les brindilles, les branches, les pierres qui entravaient le cours de l’eau. Peu à peu, la rivière commença à s’écouler de l’autre côté du barrage, d’abord s’engouffrant avec vivacité dans les espaces qui se dégageaient, puis, peu à peu, le flux s’apaisa jusqu’à trouver son propre rythme. J’entendis la rivière me souffler un merci au moment où je réalisai que mon cœur s'était lui aussi apaisé. Je restai encore un long moment, recueillie, au bord de l’eau, laissant son chant désormais libre et vivant m’envahir toute entière.
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