J'ai cherché dans ma mémoire, De jolis souvenirs, De rires, je n’ai pas trouvé, Chez nous, on riait peu, On criait trop…
Mais ce souvenir là Je l'ai gardé pour moi, Petit bateau Toutes voiles dehors, Glissant sur les flots De notre humble mer du Nord…
Du haut de mes 10 ans, Toute fière, tenant la barre, Il était capitaine Et moi, j’étais ses yeux…
Un jour, Le ciel était bleu, Et calme la houle, Suis le soleil m’a t’il dit… Alors oui, j'ai suivis le soleil… Mais je n’avais pas compris, Que le soleil se déplace dans le ciel… Le rivage, à l’horizon, Avait disparu… Le compas fut plus fiable solution…
Et puis il y eu cet oiseau, Une mouette, Fatiguée probablement, Qui se posa sur mon épaule, Moment magique..
Un autre jour, Le vent soufflait fort Force quatre, disait mon père, C'est pas grave, on y va quand même… Mer agitée, adrénaline au rendez vous, Pas question de se relâcher, Il fallait border la voile au maximum, Dans mon souvenir, Nous avons presque chavirer, À nous trois, Mon père, ma sœur et moi, Tous du même côté Fallait faire contre poids…
Il y eut l'estuaire de l’Escaut, Là où se rencontrent la mer et le fleuve, Quel remue ménage, Fallait bien se tenir… Et ces gigantesques cargos Plus gros que des immeubles, Et nous, tout petits, Pourtant fiers sur notre navire Arborant sa belle coque rouge…
Regarde les fanions, Disait mon père, Je regardais les fanions, Lui répétais ce que je voyais, Il me disait les pays, Et moi, j'apprenais…
Je ne sais plus à quel moment Le mât fut rabattu… Après 4 jours en mer, Nous avons rejoint Anvers, Descendu l’Escaut, Et puis l’Yser, Je crois… Puis le canal du centre… Les écluses, c’était rigolo, Fallait manœuvrer, Maintenir le bateau, L’eau montait, montait, Puis les portes s’ouvraient…
À Bruxelles, Écluse de Molenbeek en panne, Nous sommes resté deux jours à attendre… Déjà en ce temps, C’était moche, sale et bruyant.. Maman nous a rejoint, Je crois, Avec le petit frère… Dernière ligne droite, Nous gravissons dans de gros bacs Le plan incliné de Ronquière, Avant d’arriver à destination… Destination où notre fier navire restera à quai Pour les 15 prochaines années…
Ma sœur se souvient du danger, Peut-être l’ai-je occulté… Ma mère m’a dit que si elle avait su, Que nous prendrions la mer Elle ne nous aurait pas laissé… Faut dire que mon père N’y voyais pas très clair… Mais moi, Je suis bien contente qu’elle n’ai pas su…