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L'Irak aura-t-il la peau de Bush ?
20 mars 2006 12:09
Trois ans après le début du conflit, le président américain n'a plus le choix de sa politique tant la guerre est devenue impopulaire.

Il y a trois ans jour pour jour, lorsque les Américains déclenchaient la guerre contre l'Irak, il s'agissait de mettre la main sur un stock d'armes de destruction massive. Faute d'avoir trouvé le supposé stock, Washington a trouvé une deuxième justification à la guerre : planter une démocratie au coeur du Moyen-Orient musulman. Le modèle connaissant des ratés, c'est maintenant une troisième justification qui s'impose, plus prosaïque : empêcher le bain de sang. Notre «plan est d'éviter une guerre civile», a déclaré, il y a une dizaine de jours, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. «Et si cela devait survenir, c'est de faire en sorte que les forces de sécurité irakiennes s'en occupent.»

Cette série de glissements en dit long sur le piège dans lequel se débat aujourd'hui l'administration Bush. Plus les semaines passent, plus la guerre civile semble s'imposer comme l'issue inévitable de l'offensive en Irak. «On vit une lente explosion, une situation comparable à la Yougoslavie après la mort de Tito, juge un diplomate européen. On a soulevé le couvercle des haines recuites depuis des siècles ; elles remontent avec, en plus, le facteur religieux pour aggraver leur incandescence.»

Discours plus modestes.


Evitée jusque-là avec crainte, l'expression «guerre civile» a envahi le débat politique américain depuis l'attentat contre la mosquée d'or de Samarra, le 22 février. Le 7 mars, l'ambassadeur américain Zalmay Khalilzad, proche des néoconservateurs, s'est laissé aller au pessimisme : «Nous avons ouvert la boîte de Pandore, et la question est : quelle est la suite ?», a-t-il déclaré au Los Angeles Times, évoquant un «effort concerté pour provoquer la guerre civile». Lundi dernier, George W. Bush a lui-même évoqué le risque de guerre civile, mais pour se féliciter que les Irakiens, après l'attentat à Samarra, aient eu le sang-froid de rejeter ce «choix» funeste : «Ils ont regardé dans l'abîme et ce qu'ils ont vu ne leur a pas plu.»

Dans une tribune publiée hier par le Washington Post, Donald Rumsfeld défend les progrès réalisés, affirmant que l'histoire, «qui n'est pas faite de manchettes de quotidiens et de blogs», montrera que les terroristes sont en train de perdre cette guerre. Il rappelle la forte participation aux élections, l'accroissement de la participation de sunnites au processus politique, la poursuite de la formation des forces irakiennes... Mais au fil des semaines, force est de constater que les discours officiels américains se font plus modestes, les ambitions moindres. Il ne s'agit plus d'attendre qu'une vraie démocratie soit en place pour proclamer la mission accomplie et faire partir les troupes. Comme le reconnaissait le mois dernier Rumsfeld lui-même, l'Irak ne sera «pas parfait», «ne ressemblera pas à l'Amérique : ce sera une solution irakienne».

Il ne s'agit même plus d'attendre que l'insurrection soit matée. Aujourd'hui, l'objectif est de faire aboutir les difficiles négociations pour former un gouvernement incluant chiites, Kurdes et sunnites puis faire tenir sur pied une force nationale irakienne capable de tenir tête aux insurgés.

Limiter les dégâts.


Le début de la décrue du nombre de troupes américaines reste prévu, officieusement, pour la fin de cette année. Plus personne, au sein du gouvernement, ne parle de renforcer le nombre de troupes si d'aventure la violence allait croissant. Bush n'a guère le choix de sa politique, il est condamné à limiter les dégâts. Sa cote, dans les sondages, est au plus bas et, désormais, la moitié des Américains exigent le retour des troupes, le plus vite possible.

Pascal RICHE

Source : [www.liberation.fr]
 
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