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L'érosion de la relation par les conflits.
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5 octobre 2006 11:47
Les débuts de discussion acerbe

Quand une discussion commence ainsi de façon acerbe, avec de la critique ou du sarcasme, la plupart du temps, elle finit de la même façon qu'elle a commencé et la divergence n'est pas résolue même si, entre temps, il y a des efforts pour être gentil. Les statistiques montrent que dans 96% des cas, l'issue d'une conversation de 15 minutes peut être prédite à partir des trois premières minutes. Même si Dara parle d'une voix douce et tranquille, il y a beaucoup de négativité dans ses propos. Le problème n'est pas de se disputer et d'exprimer de la colère. Les couples qui vont bien peuvent aussi avoir des discussions émotives où la colère ressort mais leurs messages contiendront beaucoup plus rarement une critique ou un mépris de la personne. La considération et le respect sont fondamentalement présents.

Les recherches de Gottman ont révélé que les couples qui commençaient ainsi leurs discussions en laboratoire risquaient fort de se retrouver séparés dans les années suivantes. C'est qu'une telle façon de commencer les discussions enclenche un engrenage de négativité vraiment néfaste pour la relation
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5 octobre 2006 12:22
La critique

Le mot critique est utilisé ici dans le sens d'une critique de la personne ou de caractéristiques de la personne, comme le tempérament ou les traits de personnalité. Une critique est différente d'une plainte ou d'un reproche concernant un (ou des) comportement(s). La critique est très courante dans les relations de couple et lorsqu'elle demeure occasionnelle, elle n'est pas le signe qu'un couple est en sérieuse difficulté. Lorsqu'elle devient fréquente et envahissante cependant, elle est réellement dommageable et ouvre la voie à d'autres formes de négativité qui sont plus destructrices pour la relation.

Les couples auront toujours des reproches à se faire l'un l'autre. Par exemple: "Tu n'as pas mis l'essence dans l'auto comme c'était supposé. Ça va me mettre en retard.". Il y a une grande différence entre l'expression d'une plainte par rapport à certains comportements et une critique. Cette dernière est plus globale. Elle comporte un jugement négatif sur la personne. Par exemple, "Tu n'as pas mis l'essence dans l'auto. Tu ne penses jamais à rien." Elle implique un défaut. Elle vise le caractère ou la personnalité du partenaire. Quand "Amel" dit "J'aimerais que ce problème se résolve mais il ne semble pas que ça va être le cas.", elle exprime une plainte. Mais quand elle dit "J'ai essayé de te laisser faire ta part par toi-même et rien n'a été fait pendant un mois", elle passe du côté de la critique. Elle implique que le problème est de sa faute. Même si c'était le cas, blâmer ne fera qu'empirer les choses



Modifié 1 fois. Dernière modification le 05/10/06 12:24 par mouhib.
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5 octobre 2006 13:51
Le mépris

Le pas entre la critique et le mépris peut être facilement franchi. Quand il suggère qu'ils tiennent une liste de ses tâches sur le frigidaire pour l'aider à se rappeler, Elle se moque "Crois-tu que tu travailles vraiment bien avec des listes?". Ensuite, Il lui dit qu'il a besoin de quinze minutes pour relaxer en arrivant du travail avant de commencer à faire des tâches. "Comme ça, si je te laisse seul pendant quinze minutes, tu penses qu'ensuite tu vas être motivé à bondir et faire quelque chose?" lui demande-t-elle.

"Peut-être. Nous n'avons jamais essayé, n'est-ce pas ?". Elle ne saisit pas l'opportunité de s'adoucir mais poursuit plutôt avec sarcasme. "Tu es plutôt doué pour arriver à la maison et t'étendre ou disparaître dans la salle de bain." Et elle continue d'un ton de défi: "Comme ça tu crois que c'est la solution qui règlera tout, de te donner 15 minutes?" Le sarcasme et le cynisme sont des formes de mépris. Imaginez comment vous vous sentiriez de vous faire parler ainsi par Elle et inversement par Lui ! Évidemment les insultes, la moquerie, rouler des yeux, etc. sont des formes de mépris. La belligérance (être belliqueux) qui implique une forme de colère agressive est aussi une forme de mépris.

Inévitablement le mépris mène à une amplification des conflits. Il ne vise pas à résoudre les différences mais à rabaisser la personne. Les conséquences sur les partenaires et la relation sont importantes comme en témoignent, par exemple, les constations suivantes de Gottman (rapportées par Goleman, 1997): "Quand un mari manifeste régulièrement du mépris envers son épouse, celle-ci est davantage prédisposée à divers problèmes de santé - grippes et rhumes fréquents, infections urinaires, mycoses, ou troubles gastro-intestinaux. Et lorsque le visage d'une femme exprime le dégoût, cousin germain du mépris, quatre fois au moins dans une conversation d'un quart d'heure, c'est le signe que le couple risque fort de se séparer dans les quatre ans." D'ailleurs quatre ans après l'extrait de conversation rapporté plus haut, Elle et Il étaient au bord du divorce. Lorsqu'il est occasionnel toutefois, le mépris ne suffit pas à détruire un couple.

Le mépris est alimenté par des pensées négatives longuement entretenues au sujet du partenaire. La première fois que Elle et Il ont discuté des tâches ménagères, Elle ne devait pas être aussi irrespectueuse. Elle devait exprimer une plainte, par exemple "J'aimerais que tu m'aides plus pour le ménage". À mesure que le problème persistait, elle a commencé à faire des critiques plus globales "Tu ne fais jamais ta part" et à lui attribuer des défauts, à le trouver paresseux et égoïste. Maintenant qu'elle le considère ainsi, différents comportements d'Il seront vus à travers cette lorgnette. Elle aura moins tendance à prendre en considération les comportements d'Il qui lui permettraient de faire la part des choses et de nuancer son évaluation. Elle verra beaucoup plus facilement ce qui vient confirmer son idée.

Les pensées négatives sur l'autre sont plus probables lorsque les différences entre les conjoints ne sont pas comprises et acceptées. Si Elle voulait bien écouter Il, elle pourrait comprendre qu'il a une optique différente qui privilégie le bien-être qui n'est pas si mauvaise bien que différente de la sienne. Elle pourrait d'ailleurs peut-être se rappeler que c'est cette caractéristique qu'elle a aimé et continue, à d'autres moments, d'aimer chez lui. Elle penserait plus facilement qu'ils présentent chacun les points faibles de leurs points forts et ils pourraient discuter du problème des tâches ménagères sur un pied d'égalité.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 05/10/06 13:55 par mouhib.
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10 octobre 2006 16:51
La défensive

La critique et le mépris conduisent à une position défensive qui amène à se justifier, à nier ou à contre-attaquer. Le message de l'autre n'est pas considéré. Même quand elle ne consiste qu'à se justifier, la défensive ne donne pas les résultats voulus. Elle n'amène pas le conjoint qui attaque à se rétracter. Une justification amène une contre-attaque et une expression supplémentaire de mépris, ce qui rend encore plus sur la défensive. On assiste à une escalade du conflit. Ceci parce que la position défensive exprime un blâme: le problème ce n'est pas moi, c'est toi
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11 octobre 2006 11:22
Le mutisme

Lorsque les discussions persistent à être à ce point envenimées, la négativité devient si accablante que l'un des deux peut finir par se fermer complètement à toute discussion sur les sujets de discorde. Il peut ne donner aucun signe démontrant qu'il écoute. Lui parler est comme parler à un mur. Dans 85% des cas, ce sont les hommes qui adoptent ce comportement qui s'observe chez des couples qui sont aux prises avec les formes de négativité précédentes et sont dans un engrenage négatif depuis quelque temps
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11 octobre 2006 12:01
La submersion

La personne qui oppose un mur de silence aux critiques de l'autre, le fait souvent pour se protéger d'être submergée par les émotions désagréables. La négativité, sous formes de critiques, de mépris ou même d'attitudes défensives, est si envahissante et, souvent, si soudaine qu'elle laisse abasourdi et sans défense. La personne apprend à faire n'importe quoi pour éviter que cela se reproduise. Plus il lui est arrivé souvent de se sentir submergé par la négativité, plus elle devient à l'affût des indices que l'autre va exploser de nouveau. Tout ce qu'elle cherche à faire, c'est de se protéger. Pour ce faire, elle se désengage émotionnellement, elle se détache.

La submersion est accompagnée de réactions physiques telles que l'accélération du rythme cardiaque (pouvant passer de 80 à 165 battements à la minute), des changements hormonaux comme la sécrétion d'adrénaline (qui prépare l'organisme à une réaction de lutte ou de fuite) et l'augmentation de la pression sanguine. Ce qui peut se manifester par différents symptômes d'anxiété, comme la respiration oppressée, la tension musculaire, la transpiration, etc.. Il s'agit de la réaction de l'organisme à ce qui est perçu comme une menace. Si l'un des partenaires ou les deux se retrouvent souvent dans cet état, la séparation est hautement prévisible. Premièrement parce que cela indique que la personne se trouve dans une détresse émotionnelle sévère. Deuxièmement, parce qu'il rend impossible toute discussion productive pour résoudre les problèmes. Dans cet état, on a davantage tendance à répondre par la lutte (critique, mépris et défensive) ou la fuite (le mutisme, le détachement) qu'à avoir une réponse intellectuellement sophistiquée. L'interaction entre la physiologie, les émotions et les pensées constitue un puissant engrenage. Plus la réponse physiologique est forte, plus les émotions sont fortes, plus on a tendance à avoir des pensées négatives qui, en retour, amplifient les réactions physiologiques et les émotions.

Le système cardiovasculaire des hommes est plus réactif au stress que celui des femmes. Leur rythme cardiaque accélère plus vite et il prend plus de temps pour revenir à la normale. Leur pression sanguine s'élève davantage. Comme ils sont plus affectés à ce niveau que les femmes, il n'est pas surprenant qu'ils cherchent davantage à éviter les conflits et qu'ils sont plus portés au mutisme.

Les formes de négativité décrites plus haut (critiques, mépris, défensive, mutisme) et la submersion sont présents occasionnellement chez plusieurs couples dont la relation est stable (qui ne sont pas dans une escalade des conflits allant vers la rupture). Mais quand ces réactions sont fréquemment présentes, elles conduisent prequ'inévitablement à se distancer l'un de l'autre, à se déconnecter émotivement et à se sentir seul(e).
 
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