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L’affaire Al-Manar
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23 décembre 2004 20:17
L’histoire de cette chaîne de télévision libanaise, d’abord autorisée en France, puis interdite ­ sans d’ailleurs pouvoir être empêchée ­ nous fournit une de ces fausses évidences dont on aime se repaître. Et un de ces consensus dont il ne fait pas bon vouloir sortir. Al-Manar, que nul ne connaissait il y a trois mois, n’est certes pas une chaîne comme les autres. Ses journalistes sont des militants. Ils se sentent en guerre. Une guerre aujourd’hui de basse intensité, mais qui a connu des pics de violence et de sauvagerie qui nous éloignent des bureaux feutrés du Conseil supérieur de l’audiovisuel. C’est la télévision du Hezbollah, cette milice chiite devenue un parti politique à présent parfaitement intégré au paysage libanais. Sa grande affaire est le conflit israélo-palestinien. Ses journalistes-militants sont des enfants de la génération Sabra et Chatila. Ils sont nés et ont été, si l’on ose dire, éduqués dans le climat apocalyptique des massacres des camps et des villages par l’armée d’Ariel Sharon, ou par ses supplétifs miliciens libanais. Depuis vingt-deux ans, les bombardements et l’extermination à l’arme blanche sont le lot de ces populations. Ce sont ces souvenirs ou ces récits qui peuplent leur imaginaire. Le dernier épisode n’a pas un siècle. C’était en 1996, quand le village de Cana avait été anéanti sous les bombes. Plus de cent morts, presque tous civils, pour la plupart femmes et enfants. Ce Sud-Liban à dominante chiite, avec ses gigantesques camps de réfugiés palestiniens, s’est construit dans le sang et la fureur. Il est le produit d’une barbarie dont il fut plus souvent victime que fauteur. Même si l’on n’oublie pas que le Hezbollah a commis sa part de crimes et qu’il se fit, en ses débuts, une spécialité de prises d’otages particulièrement inhumaines, dont celles jamais oubliées de journalistes et de fonctionnaires français en 1985.

Il résulte de ce bref rappel historique que les mots qui sont en usage dans la région sont les mots de la guerre. Le Hezbollah n’en a d’ailleurs pas le monopole. Pendant que le CSA instruisait ici le procès d’Al-Manar, un député de la Knesset, le parlement israélien, membre du parti d’Ariel Sharon, qualifiait les « Arabes » de « vers de terre ». A-t-il été exclu de son parti ? Banni de la Knesset ? Pas à notre connaissance. Certes, on ne peut se satisfaire de ce constat de relativité. Nous sommes en France, et nous avons à nous protéger contre l’importation des mots qui ont cours là-bas. En ce sens, on se gardera de plaider aveuglément la cause d’Al-Manar. Les Français, qui ont une autre histoire, et les juifs de France, qui ne sont point Ariel Sharon, ne sont pas obligés d’entendre une télévision suggérer que les Israéliens diffusent volontairement le sida, même si Al-Manar n’a fait en l’occurrence que citer dans une revue de presse un journal égyptien ; ni de voir des feuilletons qui entretiennent le mythe criminel des Protocoles des sages de Sion. Ils ne sont pas obligés non plus de croiser dans les escaliers de leur immeuble, ou dans leur cité, des jeunes gens qui ont entendu ces mots, et leur accordent crédit. Al-Manar pose donc bien un problème qu’il serait absurde de nier. On peut simplement s’étonner de la façon dont l’affaire est traitée. Car, à quelque conclusion que l’on parvienne, il aurait été au moins honnête de rappeler que cette chaîne de télévision n’est pas le produit de l’histoire européenne, mais de tragédies régionales pour lesquelles notre jugement n’a que peu de considération. Or, tandis que les ondes parcourent le monde sans qu’on puisse les entraver, il n’est pas inutile que nous exigions de nous-mêmes ce que nous exigeons d’Al-Manar : un certain respect de l’histoire des autres.

Hélas, l’ordonnance du Conseil d’État interdisant la diffusion de la chaîne du Hezbollah en France ne va pas selon nous dans ce sens. La condamnation n’invoque pas le feuilleton antisémite. Et pour cause : celui-ci a été interrompu bien avant que le CSA n’accorde son conventionnement. Et, a fortiori, avant qu’il le lui retire. Non, il invoque un vocabulaire qui attribue à l’armée israélienne des « crimes contre l’humanité », et non pas seulement des « crimes de guerre ». Pour une oreille européenne, la confusion en effet n’est pas permise. Elle est même insupportable quand elle jaillit d’un débat franco-français parce que « crimes contre l’humanité » renvoie au génocide. Il apparaît donc que les héritiers de Sabra et Chatila ne sont pas « politiquement corrects », au sens où il est bienséant de l’être ici. Mais en nous rengorgeant dans nos certitudes morales, qu’avons-nous fait ? Nous n’avons pas endigué les ondes. Al-Manar, interdite sur le satellite européen, continue d’émettre via le satellite Arabsat. Par contrecoup, TV5, la chaîne française diffusant à l’étranger, est menacée de représailles. Israël se réjouit. George Bush classe Al-Manar dans la catégorie « organisations terroristes », et l’opinion libanaise est en ébullition. Avons-nous voulu donner aux chiites du Sud-Liban une leçon de vocabulaire, ou empêcher Al-Manar de porter témoignage d’une réalité que nous préférons ne pas connaître ?

La liberté des autres étend la mienne à l'infini.
n
24 décembre 2004 16:25
interdite meme au canada sans meme se soucier de l opinion des arabes qui ils la captent, je ne sais pas si c est juste un prob techn de transmission ou c est vrai qu elle est interdite pour de bon.
h
25 décembre 2004 20:32
salam !!!

mince jvien d'avoir la réponse a ma quetions !!!!!! lol
 
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