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France / tiers-monde
26 novembre 2017 20:51
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Que retenir de ces expériences françaises ? Les formes de pauvreté que j’ai eues à connaître ici concernent plus des individus que des populations entières, comme c’est le cas dans le tiers-monde. Elles ont aussi pour trait commun le mépris et l’excusions. Ce dont souffrent le plus les SDF et les prostituées est le mépris. Ils le ressentent à un degré incroyable…

Mais c’est l’exclusion qui sécrète ce sentiment de rejet. L’exclusion, c’est le fait d’être en dehors de la société, du monde du travail de la famille. Les pauvres ici n’ont pas de liens. Ils sont seuls. Leur misère s’accompagne d’une marginalité sociale. Beaucoup n’ont même pus de papiers. A leurs propres yeux et à ceux des autres, ils n’existent plus. Comment peut-on vivre sans aucune considération ? Nous sommes là au dernier degré de la misère : ces hommes et ces femmes n’ont plus aucune place, ils n’ont plus de statut. D’une manière ou d’autre, ils n’ont plus d’identité.

Il ne faut pas se méprendre : toutes les misères ne représentent pas la même tragédie. L’homme du tiers monde connaît la joie de vivre, tandis que, pour celui des pays nantis, la pauvreté est un poids insupportable. D’où vient cette opposition ?

…les pauvres dans le tiers-monde ne subissent pas le mépris et l’exclusion. En effet, ils peuvent vivre en société avec ceux qui ont les même niveau et mode de vie. Au bidonville, nous mangions tous les jours des fèves, mais nous les mangions ensemble, nous rigolions, et personne n’avait faim.

L’existence ou non d’une intégration sociale est, à mon sens, le critère capital qui rend compte de la différence des situations. Les familles africaines restent soudées et créent des relations amicales avec leur environnement dans un climat convivial et, par là, joyeux. C’est ce qui manque dans les pays où les familles sont éclatées, où l’absence de confiance dans les relations provoque une ambiance morose.

Un dernier trait de comparaison, et le plus significatif pour moi. Les pauvres du tiers-monde ne connaissent pas le désespoir…

J’affirme que, là-bas, les pauvres ne sont pas des misérables dans la détresse, mais des êtres humains qui jouissent de la vie telle qu’elle se présente.

Ici, une certaine psychologie et un type de système social provoquent une sensation générale de vide, un sentiment d’agression et d’injustice. Pourquoi les uns sont-ils privés des biens qui passent sous leurs yeux, à portée de main, et dont d’autres jouissent ?

D’une part, ceux qui sont en situation d’exclusion ont connu des jours meilleurs et, d’autre part, la dynamique d’échec dans laquelle ils sont embarqués les désocialise et constitue une impasse. Voici la misère fondamentale : je ne suis rien et je ne serai jamais rien, pour personne.

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Soeur Emmanuelle, Cent ans d'amour
pag 245 - 249
D
26 novembre 2017 20:54
Salam ,

C'est son point de vue. Je ne suis pas sûre qu'un pauvre du tiers monde ait le même avis qu' elle.

Personnellement , je pense que c'est incomparable car on n'est pas assez empathique pour ressentir ce qu'ils ressentent tous.

Que Dieu nous éloigne la misère et la pauvreté de notre chemiN.
Citation
DB & PP a écrit:
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Que retenir de ces expériences françaises ? Les formes de pauvreté que j’ai eues à connaître ici concernent plus des individus que des populations entières, comme c’est le cas dans le tiers-monde. Elles ont aussi pour trait commun le mépris et l’excusions. Ce dont souffrent le plus les SDF et les prostituées est le mépris. Ils le ressentent à un degré incroyable…

Mais c’est l’exclusion qui sécrète ce sentiment de rejet. L’exclusion, c’est le fait d’être en dehors de la société, du monde du travail de la famille. Les pauvres ici n’ont pas de liens. Ils sont seuls. Leur misère s’accompagne d’une marginalité sociale. Beaucoup n’ont même pus de papiers. A leurs propres yeux et à ceux des autres, ils n’existent plus. Comment peut-on vivre sans aucune considération ? Nous sommes là au dernier degré de la misère : ces hommes et ces femmes n’ont plus aucune place, ils n’ont plus de statut. D’une manière ou d’autre, ils n’ont plus d’identité.

Il ne faut pas se méprendre : toutes les misères ne représentent pas la même tragédie. L’homme du tiers monde connaît la joie de vivre, tandis que, pour celui des pays nantis, la pauvreté est un poids insupportable. D’où vient cette opposition ?

…les pauvres dans le tiers-monde ne subissent pas le mépris et l’exclusion. En effet, ils peuvent vivre en société avec ceux qui ont les même niveau et mode de vie. Au bidonville, nous mangions tous les jours des fèves, mais nous les mangions ensemble, nous rigolions, et personne n’avait faim.

L’existence ou non d’une intégration sociale est, à mon sens, le critère capital qui rend compte de la différence des situations. Les familles africaines restent soudées et créent des relations amicales avec leur environnement dans un climat convivial et, par là, joyeux. C’est ce qui manque dans les pays où les familles sont éclatées, où l’absence de confiance dans les relations provoque une ambiance morose.

Un dernier trait de comparaison, et le plus significatif pour moi. Les pauvres du tiers-monde ne connaissent pas le désespoir…

J’affirme que, là-bas, les pauvres ne sont pas des misérables dans la détresse, mais des êtres humains qui jouissent de la vie telle qu’elle se présente.

Ici, une certaine psychologie et un type de système social provoquent une sensation générale de vide, un sentiment d’agression et d’injustice. Pourquoi les uns sont-ils privés des biens qui passent sous leurs yeux, à portée de main, et dont d’autres jouissent ?

D’une part, ceux qui sont en situation d’exclusion ont connu des jours meilleurs et, d’autre part, la dynamique d’échec dans laquelle ils sont embarqués les désocialise et constitue une impasse. Voici la misère fondamentale : je ne suis rien et je ne serai jamais rien, pour personne.

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Soeur Emmanuelle, Cent ans d'amour
pag 245 - 249
 
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