Histoire vraie. Quand j'étais jeune, j'étais à fond dans la musique. Mes parents toléraient, tant que ça ne me faisait pas bifurquer de mes études. Une fois je voulais aller en boîte. Ils ont dit non.
J'ai plaidé comme Dupont-Moretti au top du game, mais il n'y avait rien à faire. C'était niet. Comme j'étais vraiment pénible, à revenir à la charge non-stop, à la fin ils ont dit "si vraiment tu te fiches de notre avis, fait ce que tu veux". J'ai pris ça pour une permission et je suis vite allé me changer pour sortir.
À peine sorti de ma chambre (au max sur le Brut Fabergé, cuvée 95), je trouve mes parents devant la porte, sapés en Karl Kani, sweat Homecore et veste Helly Hansen (mes sapes de l'époque). Ma mère avait une casquette à l'envers et mes Jordan. Mon père un polo Fubu et une banane.
J'ai eu une goutte de sueur qui a commencé à descendre de mon front. Dialogue d'anthologie:
Moi: Mais vous avez craqué!! Vous faites quoi là ?!?
Maman: Bah nous aussi on sort, tu nous a convaincus !
Moi: Mais non...
Papa: Mais si ! On va à la même boîte que toi. Mais t'inquiète pas, on te connait pas. On sera d'un côté et toi de l'autre. Ta mère a planqué une bouteille de gazouz dans son sac.
Moi: Mais je suis pas d'accord !
Maman: Nous aussi on est comme toi, on s'en fiche.
Papa: Mais alors, complètement...
Moi: Mais vous pouvez pas y aller, c'est pas un endroit pour vous !
Maman: Et pourquoi donc?
Moi (17 ans, des larmes dans les yeux et le coeur qui fait boum boum): Mais c'est n'importe quoi. Dans cette boîte il y a de l'alcool partout, des gens qui se droguent et qui font n'importe quoi. C'est vraiment pas un bon endroit pour des musulmans!
Quand j'ai prononcé ces mots, j'ai vu dans les yeux de ma mère que j'étais échec et mat.
Papa: Du coup, si c'est vraiment pas un lieu où ta mère et moi on pourrait aller, qu'est ce qui te fait penser que ça le serait pour l'un de nos enfants?
Mon petit frère dans le canapé était en train de compter les points et y'avait clairement k.o. J'ai enlevé mon blouson, j'ai pris mes parents dans mes bras et on a passé l'une des meilleures soirées de notre vie, à rigoler assis parterre dans la cuisine.
La morale de l'histoire ne porte pas sur les boîtes de nuits ou les bars à chicha. C'est clairement pas ma conception du divertissement, mais chacun fait ce qu'il veut de ses nuits, de son temps, de sa vie, de sa jeunesse, de son argent et de sa santé.
Ce qu'il faut retenir, c'est ce que des parents sont prêts à faire pour leur enfant, quand ils sont convaincus de quelque chose. Parce qu'ils l'aiment plus que tout.
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