Une vague d’indignations et de dénonciations est née sur les réseaux sociaux au lendemain des propos d’Ahmed Raissouni sur les libertés individuelles et les «femmes sans morale». Pour les détracteurs du président de l’UIOM, son discours serait «irresponsable et téméraire» et sa manière «impudente et effrontée».
Sous le titre trompeur de «Je suis avec les libertés individuelles», Ahmed Raissouni dresse un réquisitoire contre ceux qui portent de telles revendications.
Sénatrice honoraire à Bruxelles, la Belgo-marocaine Fatiha Saïdi a choisi de s’adresser à la journaliste Hajar Raïssouni en lui exprimant son soutien, afin que des procès comme celui de la journaliste ne se reproduise plus. Son appel est également un hommage à l’égalité et au respect des libertés.
Peu après l’annonce de la grâce de Hajar Raïssouni, les associatifs solidaires avec la journaliste ont exprimé leur soulagement. Toujours est-il que pour une partie d’entre eux, cette libération au goût de victoire ne doit pas faire perdre de vue les débats sur la réforme du code pénal et son adéquation avec l’évolution sociétale.
Le président du Mouvement Unicité et Réforme a rendu un vibrant hommage à la laïcité. «Elle a libéré la religion de l’autorité de l’Etat», a-t-il déclaré vendredi à Rabat. Aberrahim Chikhi, qui a troqué à cette occasion sa traditionnelle djellaba pour un costume bleu sans cravate, a mis en sourdine toutes les positions conservatrices de son organisation
En présentation du Collectif 490, ses membres ont souligné que leur plateforme ambitionne d’élargir le débat sur les libertés individuelles et les lois restrictives qui les briment. Dans un contexte où les poursuites contre Hajar Raïssouni ont accéléré ce lancement, l’initiative se saisit encore peu de la dimension sécuritaire de ces lois.
Depuis ce lundi, le Collectif 490 pour l’abolition des dispositions du Code pénal criminalisant les relations sexuelles hors mariage a saisi le ministère public pour cesser les poursuites dans le cadre de ces affaires. D’autres actions des auteurs du Manifeste des 490 ont été annoncées aujourd’hui.
L’organisation internationale Sexual Data Base qui regroupe plusieurs associations à travers le monde a récemment publié un comparatif juridique et chiffré sur les pratiques légales relatives aux droits et aux libertés sexuelles. Il en ressort que sur le strict plan juridique, le Maroc fait partie des pays les plus restrictifs en Afrique du Nord et au sein de pays arabes.
L’affaire Hajar Raissouni montre que le Maroc reste très éloigné du principe de liberté sexuelle sous-jacente aux politiques de santé sexuelle et reproductive pour les femmes. Ces politiques ont pourtant bel et bien été adoptées par le Maroc. Leur mise en application sur le terrain national se révèle très complexe, selon la chercheuse Irene Capelli.