Ce mardi, le journaliste et militant Omar Radi a été interrogé par le juge d’instruction de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. C’est également aujourd’hui qu’une enquête conjointe a été publiée par Mediapart et L’Humanité, critiquant les usages des autorités marocaines à l’égard de la liberté d’expression du journaliste, poursuivi dans le cadre de différentes affaires à la fois, notamment une où il est soupçonné de «viol» et d’«attentat à la pudeur». Mais la plaignante n’est pas du même avis.
Contactée ce mardi par Yabiladi, elle critique le procédé par lequel Mediapart aurait tenté de prendre attache avec elle pour recueillir ses déclarations. Selon elle, les journalistes lui auraient expliqué soutenir les victimes de viol, ce qui n’est pas apparu dans les articles en question.
Collègue d’Omar Radi au sein du site Le Desk, elle pointe du doigt «des pratiques non-éthiques et non-journalistiques», qui traduiraient une «exploitation des victimes de viol» dans le cadre d’affaires politiques. Pour la victime présumée, il s’agit de «pratiques racistes dangereuses» à son encontre, comme elle l'a affirmé sur son compte Twitter.
Mediapart a essayé de me tromper et a mené des pratiques non-éthiques et non professionnelles,essayant de me faire croire qu'ils me soutiendraient dans mon cas et qu'ils soutiendraient les victimes de viol, juste pour que je réponde à leurs questions.Dans leur article, cependant, pic.twitter.com/QhEXXYMqTD
— Hafsa Boutahar (@hafsa_boutahar) September 22, 2020
«Mon dossier contient des preuves que j’ai présentées à la justice et c’est sur leur base qu’une procédure pour viol a commencé», plaide-t-elle, ajoutant que «l’instruction n’est pas encore terminée». Dans le même sens, elle assure que sa plainte «est sans rapport aucun avec des questions d’ordre politique ou de muselage de la liberté d’expression».
«Je suis victime de viol et c’est pour cela que j’ai saisi la justice, sans aucune considération d’ordre politique et abstraction faite de toutes les autres affaires ou poursuites enclenchées au même moment», a-t-elle affirmé auprès de Yabiladi.
Une confrontation prévue en octobre
La veille de cette convocation tenue aujourd’hui, Human Rights Watch a publié un rapport consacré aux poursuites dont Omar Radi fait l’objet simultanément. L’ONG a indiqué que les affaires sont traitées par le même juge d’instruction. Pour sa part, la plaignante a fustigé «un jeu de mots» contenu dans le document, de manière à «faire pencher la balance du côté d’Omar Radi».
Ce dernier a quitté la Cour d’appel dans l’après-midi, après avoir été interrogé ce mardi par le juge d’instruction à la chambre criminelle. Son avocat, Me Miloud Kandil a déclaré à Yabiladi que ces près de six heures de questions réponses ont été consacrées à la plainte pour «viol et attentat à la pudeur».
«Le juge d’instruction a proposé de commencer par traiter ce dossier et interroger dessus les différentes parties concernées, avant de se consacrer au second, relatif aux soupçons d’espionnage», a indiqué l’avocat de la défense.
Me Kandil explique avoir «accepté cette proposition, afin de terminer l’instruction sur cette affaire, avant de s’attaquer à la seconde qui risque d’être bien plus longue». Selon lui, «il a été décidé de convoquer la partie civile le 5 octobre, avant de prévoir une confrontation entre les deux parties, le 13 du même mois».