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Grand Angle

Diaspo #157 : Mariam Hjiouej et la sensibilisation autour du diabète depuis le Royaume-Uni

Avec son mari, Mariam Hjiouej a fondé à Wellingborough (nord-ouest de Londres) une ONG pour sensibiliser au sujet du diabète dont elle est atteinte. Une action associative qui a été particulièreent sollicitée depuis le début de la pandémie du coronavirus.

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La Maroco-britannique Mariam Hjiouej. / DR
Temps de lecture: 3'

La vie de Mariam Hjiouej est un vrai parcours du combattant, avec les maladies comme autant d'épreuves à surmonter. A l’âge de cinq ans, elle avait contracté la poliomyélite (ou la polio), ce qui a rendu particulièrement difficile son enfance. «Ma survie en soi était un miracle», confie-t-elle à Yabiladi.

À l'âge de sept ans, elle est confrontée à une autre difficulté : se rendre toute seule à l’école située à environ trois kilomètres de la maison familiale, elle qui est née au Douar Harraqa (Cercle de Ghafsai), dans la province de Taounate. «Lorsque ma sœur Latifa s'est inscrite à l'école, ma mère avait refusé de me laisser l’accompagner, car j’étais encore dans une période de convalescence. J’ai dû pleurer et la supplier plusieurs jours avant qu’elle ne soit convaincue», se rappelle-t-elle.

C’est surtout grâce à sa sœur qui l’aidait à porter son cartable et lui tenait la main chaque jour qu’elle réussira sa scolarité en primaire. Sa famille déménage ensuite à Taounate pour ses études secondaires avant qu’elle ne s'installe, seule cette fois, à Fès pour ses études universitaires.

Diabète, prise en charge et nutrition

«Deux ans après avoir intégré l’université Sidi Mohammed Ben Abdellah, mes études ont été interrompues suite aux événements de Fès au début des années 1990, mais j’ai ensuite décroché un poste en comptabilité à la direction provinciale de l’Agriculture de Taounate, puis celui de secrétaire du directeur provincial dans la même administration jusqu’en 2002», déclare-t-elle.

Cette année, elle rencontre Zain Al-Abidin Agha, un chimiste britannique d’origine pakistanaise, qui devient son mari et émigre ainsi au Royaume-Uni pour le rejoindre. Son intégration n'a toutefois pas été facile.

«Les débuts ont été compliqués car je ne maîtrisais pas la langue anglaise. Alors j'ai décidé de m'inscrire dans des cours pour les immigrés qui ne parlaient pas anglais pendant six mois. J'ai travaillé aussi dans des usines d'emballage de médicaments et de produits alimentaires jusqu'en 2005. C'est l'année où mon mari a acheté une compagnie de taxi que j’étais chargée de gérer.»

Mariam Hjiouej

Une expérience qu’elle décrit comme «enrichissante» car lui ayant permis de rencontrer des personnes de différentes nationalités et surtout de «gagner leur respect». Elle garde aussi le souvenir d’un sénior britannique qui ne l’avait pas cru lorsqu’elle lui a expliqué qu’elle venait du continent africain. «Je discutais avec lui quand il m’avait demandé mon origine. Il ne savait pas où se trouve le Maroc, était surpris d’apprendre que c’est un pays en Afrique et étonné car j’ai "une peau blanche"», ironise-t-elle.

Mariam Hjiouej et son mari Zain Al-Abidin Agha. / DRMariam Hjiouej et son mari Zain Al-Abidin Agha. / DR

En 2011, nouvelle épreuve, lorsqu’elle est diagnostiqué d’un rhumatisme inflammatoire chronique, qui affecte sa capacité à faire un travail manuel. Au chevet de sa femme, son mari lui propose de poursuivre ses études pour se donner un nouveau challenge en cette période difficile. «Je me suis inscrite au cours de qualification et j'ai obtenu le diplôme d'accès à l'enseignement supérieur en 2012, ce qui m’a permis d’intégrer l'Université de Montfort pour une licence puis une maîtrise en santé mentale», souligne-t-elle.

Un diplôme décroché avec brio, grâce à des recherches portant sur le diabète type 2. «L’université m’a aussi décerné le prix de la meilleure thèse. J’ai ensuite décroché deux diplômes sur la prise en charge, la nutrition et le management du diabète», ajoute la Maroco-britannique elle-même atteinte de cette maladie.

Soutenir les jeunes de Ghafsai et de Taounate

C’est grâce à une formation sur l’alimentation, recommandée par un médecin en 2014, que Mariam Hjiouej apprend les techniques pour contrôler la glycémie. Cela la pousse à fonder une association avec son mari, pour sensibiliser et aider les personnes diabétiques.

«Dans un premier temps, l’ONG a été baptisée Wellingborough Diabetes Group mais nous avons été contactés par la Fondation Diabetes Uk pour soutenir notre association que nous avons nommée Diabetes Uk Wellingborough Group. Elle a permis d'aider plus de 250 personnes atteintes de diabète à Wellingborough, pour contrôler leur glycémie et amener des spécialistes du diabète de diverses disciplines pour leur formation au cours des cinq dernières années.»

Mariam Hjiouej

L'ONG a également lancé un programme de détection précoce du diabète de type 2, au profit de plusieurs centaines de personnes à haut risque de développer ce type de diabète, «qui n'a pas de symptômes perceptibles».

Cette Maroco-britannique reste aussi attachée à son pays d’origine, où elle a lancé plusieurs initiatives pour les jeunes du monde rural afin d'encourager le bénévolat. «L’année dernière, nous avons lancé une compétition du meilleur travail bénévol pour les jeunes de Ghafsai avec un prix de 2 000 dirhams. Nous avons aussi proposé une autre compétition pour le meilleur microprojet dans la ville de Taounate», fait-elle savoir.

En novembre dernier, Mariam Hjiouej et son mari ont également fondé l’association Ajyal pour le développement durable à Taounate, qu’ils confieront à la sœur de Mariam. Cette ONG encadre notamment les jeunes porteurs de projet en collaboration avec une banque marocaine et des collectivités territoriales de la province.

De plus, suite à la pandémie du coronavirus, la Maroco-britannique a lancé une «clinique gratuite à distance» et un «Diabetes Challenge» afin de répondre aux questions des Marocains atteints du diabète et leur venir en aide.

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