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Grand Angle

Sahara-ONU : L’étrange mobilisation des médias français autour de la nomination de Miroslav Lajcak

Après deux semaines de mobilisation, les médias publics français ont fini par abandonner l'étrange campagne médiatique en faveur de la «candidature» de Slovaque Miroslav Lajcak comme successeur d’Horst Köhler.

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Miroslav Lajcak, ministère des Affaires étrangères et européennes de Slovaquie. / DR
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La chaîne France 24, citant des «sources diplomatiques à l’ONU», a annoncé hier que le secrétaire général Antonio Guterres a finalement renoncé à désigner Miroslav Lajcak comme nouvel envoyé personnel pour le Sahara occidental. Le 14 février, dans un reportage de son correspondant à New York, France 24, citant toujours des «sources diplomatiques à l’ONU», affirmait pourtant, avec certitude, l’imminente désignation de l’ancien ministre slovaque des Affaires étrangères. La chaîne venait ainsi confirmer ainsi l'information donnée, deux jours auparavant, par l’agence l’AFP.

Sur ce dossier les médias français ont occupé le devant de la scène, reléguant leurs collègues américains et espagnols au rôle de simple relais.

«Cette mobilisation au tour de la nomination de Lajcak est tout sauf une action désintéressée de la part de supports médiatiques publics français. Elle atteste que sur ce dossier, Rabat et Paris ne jouent pas la même partition et que visiblement, les intérêts divergent», nous confie une source proche du dossier. 

«Alors que l’AFP et France 24 se relayaient pour traiter l’information, le Maroc a maintenu le silence au niveau officiel. Toutefois, il a tenu à laissé entendre son désaccord à la candidature du Slovaque», précise-t-elle.

L'allergie du Maroc pour ce type de candidature

Pour notre source, la première raison du désaccord a «trait au passé de Miroslav Lajcak, sachant qu’il était à la fois représentant de l’Union européenne et des Nations unies dans les négociations ayant conduit à l’organisation le 21 mai 2006 au referendum d'indépendance du Monténégro». Et de noter que «Rabat a une certaine "allergie" contre les diplomates ayant présidé ce genre d’opération». En témoigne les relations tendues entre le Maroc et l’ancien chef de la MINURSO, Wolfgang Weisbrod-Weber (2012-2014). L’Allemand avait, en effet, chapeauté le referendum d’autodétermination de Timor Oriental du 20 mai 2002.

La deuxième raison porte, selon notre source, sur le timing de la diffusion de la possible désignation du Slovaque, seulement deux jours après la rencontre du 10 février à Addis-Abeba, entre le secrétaire général de l’ONU et le chef du Polisario. Une réunion au cours de laquelle Brahim Ghali avait demandé la nomination, dans les plus brefs délais, d’un successeur d’Horst Köhler.

Il est lieu de noter que contrairement au cas de l’Australienne Julie Bishop, le porte-parole d’Antonio Guterres n’a pas qualifié de «rumeurs sans fondements» la possible désignation de Miroslav Lajcak envoyé pour le Sahara occidental.

De plus, en pleine campagne des médias français pour la candidature du Slovaque, le ministre des Affaires étrangères a confié dans des déclarations accordées à la presse de son pays qu’il aimerait poursuivre sa carrière diplomatique dans les Balkans. Il est d’ailleurs pressenti pour occuper le poste d’émissaire de l’Union européenne entre le Kosovo et la Serbie. Lundi, le Courrier des Balkans le voyait déjà assumer ses nouvelles fonctions, soit le même jour que l’annonce de France 24.

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