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Grand Angle

Huelva Gate : Le Parlement marocain enterre le projet de mission d'information

Après un silence ayant duré plusieurs semaines, la Chambre des représentants a enfin rendu son verdict quant à la constitution d’une mission d’information parlementaire sur Huelva Gate, nous apprend ce jeudi Saida Ait Bouali, présidente de la Commission des secteurs sociaux à la Chambre basse.

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La Chambre des représentants a refusé la constitution d'une mission parlementaire d'information sur Huelva Gate. / Photo d'illustration
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Après avoir fait l’actualité dans les médias espagnols et marocains, l’affaire des saisonnières marocaines victimes présumées de viols et de conditions de travail déplorables tombe dans les oubliettes. La mobilisation des médias et de la société civile espagnole semblent s’essouffler au moment où, au Maroc, la Chambre des représentant refuse la constitution d’une mission parlementaire d’information. 

«Selon la Chambre des représentants, le règlement intérieur autorise à constituer ce genre de missions d’information mais seulement au Maroc, pas à l’étranger», nous confie ce jeudi Saida Ait Bouali, présidente de la Commission des secteurs sociaux à la Chambre basse, contrairement à sa position auparavant. «Pour la mission d’information, elle ne peut pas effectuer un travail en dehors du Maroc contrairement aux commissions d’enquête parlementaire», poursuit-elle, citant l’argument présenté par la direction de la Chambre basse. Bien que l'article 107 du réglement intérieur du Parlement ne contient pas d'exclusion territoriale, la députée insiste : 

«La présidence de la Chambre des représentants a rappelé l’article 107 de son règlement intérieur, énonçant que des missions d’information parlementaires peuvent être constituées à condition que leur sujet soit en rapport avec les secteurs, les domaines et les institutions qui entrent dans le cadre des prérogatives de la commission. Mais les députés continueront à travailler pour trouver une autre formule.»

Saida Ait Bouali

Les députés promettent de renforcer le contrôle

La présidente de la Commission des secteurs sociaux à la Chambre basse insiste sur ce dernier point. «Nous continuons à nous activer en cherchant à préserver les droits des Marocains, surtout les femmes marocaines, et à surmonter quelques difficultés», déclare-t-elle. «Ces femmes doivent ressentir cette mobilisation et cet engagement pour les suivre de près et les défendre dans la mesure du possible, conformément à la Constitution et au règlement intérieur de la Chambre des représentants», enchaîne-t-elle.

Celle-ci dit aussi penser «à ce que les parlementaires constituent une commission pour suivre de près et accompagner ces institutions, de la procédure de sélections de ces saisonnières à leur retour au Maroc après la fin de la saison agricole», comme solution alternative.

Elle rappelle surtout que «les parlementaires ont pu souligner deux points essentiels : l’accompagnement de ces femmes au niveau de l’ANAPEC et en Espagne par des femmes, ainsi que le renforcement du contrôle des promesses du ministère de tutelle». «Le ministre s’était engagé à faire un suivi tout au long de l’opération, notamment quant au respect des contrats de travail, de la conformité de la situation des saisonnières, et les parlementaires s’engagent donc à suivre cette promesse de près, dès la prochaine vague de saisonnières marocaines», promet-elle de son côté.

«Nous nous engageons aussi à poser à nouveau la question au ministre pour savoir si son département a bel et bien concrétisé ses promesses, notamment sur le suivi du dossier une fois les saisonnières arrivent en Espagne», insiste-t-elle.

Enterrer le scandale ?

La seule solution qui peut être envisageable, c’est l’envoi d’une mission interministérielle qui peut enquêter sur les conditions de travail des saisonnières marocaines en Espagne. Déjà en 2008, le gouvernement Jettou avait dépêché une mission pareille en Espagne, conduite par le ministre du Travail de l’époque, Jamal Aghmani.

Difficile par contre de convaincre l’actuel ministre, Mohamed Yatim qui a continué à camper sur ses positions en déclarant que ce que la presse espagnole avait révélé sur Huelva ne concernerait que «des cas très isolés».

Parallèlement, la fin de la saison agricole de cueillette des fraises et le retour des saisonnières marocaines dans leur pays rend difficile le suivi de cette affaire. Si certaines Marocaines avaient déclaré à l’AFP leur volonté de rester pour suivre de près les recours déposés auprès des autorités espagnoles, d’autres femmes, de peur de perdre l’opportunité de revenir en Espagne l’année prochaine ou que leurs familles apprennent cette affaire au Maroc, ont préféré garder le silence sur le calvaire raconté par leurs consœurs.

Article modifié le 2018/07/19 à 19h15

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