Une manifestation a eu lieu le 8 octobre dernier à Zagora suite à la colère des habitants, provoquée par la pénurie d’eau qui sévit dans la ville depuis plus d’une dizaine d’années.
En marge de cette manifestation, 21 personnes ont été arrêtées, dont sept renvoyées vers la cour d’appel de Ouarzazate.
Le premier groupe d’accusés vient de passer une audience publique à Zagora. Plusieurs condamnations ont été prononcées : trois ont été condamnés à quatre mois de prison ferme, deux à trois mois de prison ferme et trois autres à deux mois. Tous ont écopé d’une amende de 1 000 dirhams. Ces jeunes ont comparu pour quatre chefs d’accusation : «participation à l’organisation de cette manifestation, insulte aux forces de l’ordre, agressions et vandalisme», indique à Yabiladi l’avocat de la défense, Mohamed Messaoudi.
Les détenus ont entre 18 et 25 ans
L’audience publique a commencé lundi 30 octobre à 14 heures. «Elle ne s’est terminée que vers 2 heures ce matin», précise à Yabiladi Othman Rizkou, président de la section locale à Zagora de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH). Au total, 16 avocats étaient présents, représentant «102 avocats au niveau national», ajoute-t-il. Les jeunes détenus «ont entre 18 et 25 ans, la plupart étant encore étudiants».
Le président de l’AMDH-Zagora s’insurge contre la «sévérité des condamnations». Les avocats de la défense ont bien insisté «sur le caractère non conforme des procès-verbaux lors des plaidoiries». «Des dates et de fausses informations ont été mentionnées. Les accusations sont infondées», s’enflamme Othman Rizkou.
«Deux accusés ont été arrêtés avant d’arriver à la manifestation. Ils ne faisaient que marcher vers une autre destination. Ils ont par exemple été accusés d’avoir jeté des pierres. Toutefois, pour la première fois, dix témoins ont été entendus lors de l’audience publique.»
Des condamnations «sévères» et «surprenantes»
Même son de cloche du côté de la défense. D’après Mohamed Messaoudi, les témoins ont affirmé que «certains détenus étaient avec eux le jour de la manifestation, qu’ils ne faisaient que se diriger vers un lac ou qu'ils étaient en train de se balader. La police ramassait de façon aléatoire les gens en marge de la manifestation», explique l’avocat des détenus «du Hirak de la soif».
Et d’ajouter : «Les condamnations des détenus nous ont surpris, surtout après toutes les discussions qui ont eu lieu lors de l’audience. La seule solution qui nous reste, c’est de faire appel à cette condamnation.» Le président de l’AMDH-Zagora abonde dans le même sens : selon lui, les condamnations sont «sévères» et «surprenantes».
«Ces condamnations ne sont pas favorables aux demandes et aux besoins de la ville. Les habitants crient pour avoir de l’eau parce qu’ils ont soif.»
Les parents des détenus du «Hirak de la soif» ont été sous le choc lors de l’annonce de la décision du juge. «Certaines mamans se sont jetées à terre. Les parents ont été très choqués par ces décisions», confie Othman Rizkou.
Huit mineurs arrêtés en marge de la manifestation du 8 octobre vont être jugés aujourd’hui. Jeudi, sept autres personnes arrêtées passeront devant la cour d’appel de Ouarzazate.