L’intégration du Maroc à la CEDEAO se traduira-t-elle par l’abandon du Dirham ? La question est au cœur d’un débat au royaume. Mardi à Rabat, le président de la Commission du groupement régional, Marcel De Souza, a révélé lors d’un point de presse que le roi Mohammed VI s’est engagé dans une lettre «à adhérer à une monnaie unique le jour où elle sera adoptée par la CEDEAO».
Un engagement de principe essentiel dans le cadre de la procédure d'adhésion dans l'organisation régionale. Dans le cas contraire, cela donnerait de nouveaux arguments aux voix opposées à l'intégration du royaume dans le tour de table de la CEDEAO. Pour mémoire le Maroc avait adopté la même démarche lors de la présentation de sa requête pour rejoindre l’Union africaine.
Il y avait certes le projet d’instaurer d’ici 2020 une monnaie unique pour les 15 membres de la zone mais le chemin menant à cet objectif est loin d’être balisé. Ce projet de monnaie unique avait été programmé de manière très optimiste pour 2009 avant d'être reporté.
L’échéance 2020 avait déjà du plomb dans l'aile
Plus récemment, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest avaient prévu de lancer l’ECO pour 2015. Une devise qui devrait servir de tremplin vers le passage à une monnaie unique en 2020. Mais en juillet 2014, les chefs d’Etats renonçaient à l’ECO qui était censé circuler uniquement dans les pays de la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest réunissant : la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone. La ZMAO est en effet le pendant de l'UEMOA, qui regroupe huit Etats francophones d'Afrique de l'Ouest : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Ils ont en commun le franc CFA, une monnaie coloniale arrimée à la Banque de France.
L’échéance 2020 semble dès lors intenable, d’autant que le contexte international n’est guère favorable à l’émergence de monnaies uniques. L’Euro, quinze ans après son adoption, est remis en question, alors que les problèmes politiques qui secouent le Conseil de Coopération du Golfe a renvoyé aux calendes grecques le lancement d'une monnaie unique initialement prévu en 2010 mais maintes fois reporté.
Enfin, la situation économique et financière de certains pays clés de la région, à l'instar du Nigéria ou du Ghana, ne permet pas de réunir les conditions de convergence et de stabilité pour le lncement prévu en 2020. Le président Marcel De Souza a d'ailleurs annoncé il y a deux semaines une nouvelle échéance dont le flou n'augure rien de bon : L'adoption d'une monnaie unique ne devrait pas intervenir avant une dizaine d'années.