Les commentaires blessants des internautes sur les victimes marocaines de l’attentat la veille du Nouvel An en Turquie renvoyant à leurs opinions personnelles ont laissé place au populisme abjecte de certains médias marocains. Des sites tels que rue20, Agency Newpres ainsi qu’un autre journaliste (sur son compte Facebook) ont repris les propos haineux en décrivant les victimes comme prostituées.
«Insinuations abjectes»
Kamal Karroue est le fondateur du site électronique Aabbir (exprime). Mettant de côté la déontologie imposée par son métier, il s'est laissé emporter par la vague de commentaires désobligeants, en publiant une photo des jeunes femmes sur son mur Facebook.
Traduction de la légende de la publication en question : «Une question me taraude : Que faisaient ces filles dans une boîte à Istanbul ? Remarque : La boîte de nuit était pleine d’arabes et surtout de ‘nos frères des pays du Golfe’».
Il insinue donc une conclusion portant atteinte à l'honneur des femmes à partir de ces deux faits mis côte à côte afin d'abonder dans le torrent de propos haineux par certains internautes. Ces derniers se sont satisfaits de la mort des Marocaines assimilés à «des prostituées pour les riches du Golfe».
Absence déontologique
La trainée de poudre a dépassé les réseaux sociaux pour atteindre des sites électroniques d’information. Rue20 a sauté sur l’occasion pour titrer «Enquête choquante : Comment la Turquie est devenue un repaire pour les marocaines désirant rencontrer des gens du Golfe à l’abri des regards des Marocains». L’article a été cependant supprimé du site mais il reste accessible sur le cache Google.
Mais Agency NewsPres a eu le temps de reprendre l’article pour le publier tel en y ajoutant un titre un peu plus original : «L’attentat d’Istanbul dévoile les scandales des Marocaines donnant rendez-vous aux gens du Golfe…»
Le corps de «l’article» dupliqué reprend le dossier d’un magazine qu’il cite vaguement. L’entrée en matière, sans ambages, déclare qu’ «au Nouvel An, des dizaines de Marocaines plient bagages pour la Turquie afin de rencontrer ‘des clients’ du Golfe, loin des regards de leurs compatriotes».
L’absurdité des propos continue de plus belle : « la révélation de la nationalité marocaine de quatre filles sans accompagnateur (mari, père ou frère) interroge sur la Turquie comme nouvelle destination et repaire des Marocaines pratiquant la prostitution de ‘luxe’ en compagnie des hommes du Golfe».
Rappelons qu’un internaute libanais a été arrêté lundi par les Forces de sécurité intérieure (FSI) pour avoir posté des messages sur son compte Twitter, rapporte L’Orient Le Jour. L’homme en question avait vilipendé les victimes pour avoir consommé de l'alcool, en les accusant de s'être adonnées à «la débauche». Pour l’instant, aucune poursuite judiciaire n’a été entamée par les autorités marocaines à notre connaissance.