Yabiladi.com: A partir de quand commencez-vous à vous intéresser au judo ?
Jalal Benalla : Mon père m’a initié à cet art martial dès mon plus jeune âge, j’avais à cette époque 8 ans. Mon père faisait déjà du judo en club, il m’a transmis l’amour de ce sport, il me disait à l’époque qu’il n’y avait pas de champion marocain et que si je m’entrainais bien je pourrai un jour être le premier champion de judo marocain… Depuis du temps est passé et aujourd’hui il y a désormais un gros potentiel de judokas qui émergent du royaume.
Qui avez-vous eu pour modèle dans ce sport?
Djamel Bouras (Champion olympique et champion d’Europe en 1996, ndlr), j’ai toujours été impressionné par l’endurance qu’il pouvait avoir, et j’avais l’envie d’avoir la même. Du coup, je m’amusais parfois à faire des footings avec lui, de plus c’est le premier judoka d’origine maghrébine à avoir gagné les jeux olympiques, forcément ça m’a motivé.
Pourquoi choisir de représenter le Maroc où la culture du judo n'est pas aussi développée qu’en France?
Le Maroc est avant toute chose dans mon cœur, comment ne pas être attaché au pays de vos parents, à celui qui vous accueille chaque année durant tout le mois de juillet et d’août depuis votre naissance ? La France vous l’aimez, vous y êtes attaché mais bizarrement le Maroc arrive toujours en premier dans votre cœur, ça ne s’explique pas c’est comme ça. Je veux apporter tout ce qu’un pays comme la France, qui est au top de la formation de judo a pu m’apporter. Mon envie est de porter le drapeau (marocain, ndlr) au plus haut et de transmettre tout ce que je peux de mon expérience européenne.
Votre sentiment au moment de disputer vos premiers championnats du Maroc de Judo ?
Je suis sincèrement heureux de venir combattre ici. Ça ne change qu’au niveau de l’atmosphère, les Marocains sont souriants et heureux de vivre, même quand la vie n’est pas simple. Alors c’est un réel plaisir.
Vos ambitions durant ces championnats ?
L’or et rien d’autre (sourire).
Comment-vous êtes vous préparé pour y participer?
J’ai fait deux stages, l’un en Allemagne, et l’autre à Paris. Puis, je me suis rendu à Nice pour un tournoi que j’ai remporté. Tout cela me dit que je me sens au mieux de ma forme pour connaitre un heureux dénouement à la fin de ces championnats.
Les JO de 2012, votre point de mire ?
Bien sûr que j’y pense si ce n’était pas le cas je ne serais même pas là. Les JO c’est l’ultime but d’un champion de judo, c’est la coupe du monde de football pour les judokas. Si Maradona n’avait pas comme but de gagner la coupe du monde il n’aurait pas joué au foot c’est lui-même qui l’a dit. Pour moi c’est la même chose avec les JO. Je vais avant tout prendre du poids pour être à la hauteur dans ma nouvelle catégorie qui est +100Kg, puis je vais m’entrainer comme jamais pour ramener une médaille au royaume.
Parlez –nous de vos rapports avec Teddy Riner (Champion du monde judo 2010)?
On s’est rencontrés sur le tatami, lors d’un combat d’entrainement, on ne se connaissait pas à ce moment là. Nous n’avons pas fini le combat, car nous avons commencé à nous énerver l’un envers l’autre. Aucun de nous ne voulait perdre et cette rage de vaincre nous à fait nous quitter en mauvais termes à la fin de ce combat. Le hasard faisant bien les choses, nous nous sommes retrouvés dans la même chambre lors d’un stage de l’équipe de France et avons ris de notre combat, et pas uniquement de cela, étant donné que nous apprenions ce jour là que nous étions né tous les deux un 7 avril. Depuis, nous sommes devenus sparring partner (partenaire d’entraînement) et par la même occasion les meilleurs amis du monde, jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs.
Qu'est devenu ce pari que vous vous êtes faits pour les Jeux olympiques de Pékin : «Prendre ensemble l'avion pour les Jeux de Pékin, revenir tous les deux avec l'or autour du cou et quitter l'aéroport au volant d'une Lamborghini.»
Il est inutile de dire qu’avec ma blessure au genou qui me priva de compétitions et avec la tristesse de Teddy d’avoir décroché le bronze alors qu’il visait l’or, personne n’était à la fête pour conduire ni une Lamborghini ni une 2 chevaux, du coup on a reporté ce pari aux jeux de Londres.
Si vous croisiez Riner pendant les Jeux de Londres?
Il n’y aura pas d’amitié qui tienne, je ne lui ferai aucun cadeau tout comme il ne m’en fera aucun, ce sera un inconnu pour moi durant tout le combat, et dès la décision des arbitres prise nous redeviendrons amis de toujours. Souvenez vous qu’à notre première rencontre c’était la rage de vaincre durant tout l’entrainement, et on en a ris par la suite.