De la bouche de Mounir El Majidi comme dans son entourage, c’était le silence radio depuis les révélations du «Panama Papers». L’enquête de l’ICIJ a révélé que le mandataire de la SMCD Limited, domiciliée aux Iles Vierges, Mounir Majidi a acquis une goélette des années 30 qui sera immatriculée au Maroc et baptisée «El Boughaz», appartenant au roi Mohammed VI.
Selon Le Desk, la SMCD Limited a également permis à une autre société, la Logimed, domiciliée au Luxembourg, elle-même créée grâce à une société-écran basée aux Iles Vierges, d’obtenir un prêt dont les détails n’ont pas été révélés. La Logimed compte parmi ses actionnaires, Abderrazzak Sitail, directeur du quotidien Les Afriques. Toujours selon Le Desk, même dissoute en 2013, la SMCD continuerait de figurer dans les documents boursiers du Groupe Alliances dont elle était entrée au capital en 2008.
Les révélations de l’ICIJ ne s’arrêtent pas là. Elles indiquent que Mounir Majidi, administrateur de la société immobilière Orion SA, basée au Luxembourg, a contracté en 2003 via celle-ci à une autre société du cabinet Moassack Fonseca, un prêt de 42 millions de dollars pour l’acquisition et la rénovation d’un appartement de luxe à Paris.
Mais 4 jours après le scandale, l’avocat du Secrétaire particulier du roi, Me Hicham Naciri a accordé une interview à nos confrères de Médias 24 afin d’apporter des réponses aux interrogations que posent les «Panama Papers». L’avocat concède d’abord que des raisons «saines et d’autres condamnables » peuvent motiver la création de sociétés offshores.
Les raisons condamnables cachent «une intention ou un projet frauduleux, à savoir des détournements, de l’évasion fiscale, des opérations illicites etc […]», confie Hicham Naciri. Quant aux raisons saines, elles permettent à «des opérateurs organisés et structurés, des grands groupes et des particuliers tout à fait respectables qui ont recours, pour des raisons tout autres et qui créent des sociétés offshore, en toute transparence et légalité […]. Dans ce 2ème cas, l’intérêt de l’offshore peut se justifier par la localisation d’un bien, un souci d’optimisation fiscale ou même une volonté de discrétion », explique l’avocat.
Les sociétés offshores par «discrétion» plutôt que par «dissimulation»
«Quoi de plus naturel donc pour un Chef d’Etat, dont le patrimoine est du reste géré de façon extraordinairement transparente, de rechercher une certaine discrétion dans la gestion de ce qui relève de sa sphère privée?», s’interroge l’avocat de Mounir Majidi qui s’insurge contre «ceux qui cherchent à faire croire que la discrétion implique une dissimulation ou une fraude» et qui «veulent délibérément créer un amalgame dans l'esprit du public ». Pour lui, un titre sur le roi Mohammed VI est vendeur pour la presse, ce qui expliquerait les unes sur le roi.
Sur l’acquisition de l’appartement de luxe de Paris par la société immobilière Orion SA, Hicham Naciri explique que «l’opération d’acquisition s’est faite dans les plus grandes transparence et légalité. Mieux encore, les autorités fiscales françaises ont été consultées sur la fiscalité applicable à cette opération et se sont vu communiquer le nom du bénéficiaire ultime ». Selon lui, des cabinets juridiques et fiscaux ont été à la manœuvre pour la réussite de l’opération d’acquisition et une fois le dossier ficelé, l’opération a été fournie pour approbation aux autorités fiscales françaises. Sur le prêt de 42 millions, Hicham Naciri indique qu’«il obéissait uniquement à des considérations fiscales, proposées par les conseillers fiscaux, il n’y a aucun sens caché ».
Dans le cas de la SMCD, l’avocat marocain écarte toute volonté de dissimulation de l’achat de la goélette. «[..]L’objectif n’était pas la dissimulation. La goélette n’est pas dissimulable. Elle a été immatriculée au Maroc au nom de Sa Majesté dans la semaine qui a suivi son acquisition, et elle est amarrée à M’diq chaque été. Chacun sait à qui appartient le Boughaz I. Cela n’a jamais été caché », a fait savoir l’avocat marocain «[...] Le vendeur n’avait pas voulu révéler son identité à des tiers. Il a vendu à travers une structure et en face, il a voulu avoir une structure, une personne morale [...] Dans le cas de la goélette, l’acheteur et le vendeur ne se sont jamais rencontrés. Nous avons eu affaire à un mandataire, un courtier de renom et son cabinet d’avocats», ajoute-t-il.
Interrogé sur le rôle de Mounir Majidi face aux révélations des «Panama Papers», Me Hicham Naciri lave le Secrétaire particulier du roi. «Monsieur El Majidi, en tant que Président du Holding Royal, est le gestionnaire du patrimoine royal. Il a pour mission de le gérer au mieux, comme le fait un gestionnaire diligent et avisé, toujours dans la plus stricte légalité et transparence, en s'entourant de conseillers et de professionnels dans leur domaine», déclare-t-il. Quant au sort des deux sociétés citées dans l’affaire, l’avocat indique que la SMCD a été dissoute et qu’Orion SA en même temps que l’hôtel particulier ont été revendus il y a «5 ou 6 ans». Par contre, aucune mention de la présence de la SMCD dans les documents boursiers actuels du groupe Alliances malgré sa dissolution.