La vague de contestation qui a suivi la grâce royale accordée à un ressortissant espagnol, violeur de onze enfants marocains, a contraint le cabinet royal à publier, dans la soirée de samedi, un communiqué. Le texte dit s'adresser à «l’opinion publique» mais à aucun moment le mot «grâce» n’y figure, les rédacteurs l'ont remplacé par «libération».
Le palais y explique que le roi Mohammed VI «n'a jamais été informé, de quelque manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects pour lesquels l'intéressé a été condamné». La responsabilité se situe, donc, au niveau de la commission ayant pour mission d’examiner les demandes de grâces royales. «Il est évident que jamais le Souverain n'aurait consenti à ce que Daniel Galvan Fina puisse arrêter de purger sa peine, au regard de l'atrocité des crimes monstrueux dont il a été reconnu coupable», souligne la même source.
Prochainement, la procédure sera verrouillée
Dans un précédent papier sur l’affaire du DanielGate, plusieurs ONG des droits de l’Homme se sont prononcées pour une révision de la procédure de l’octroi des grâces royal, il semble que leur appel a été entendu par le palais. Dans son communiqué, il annonce que des « instructions seront également données au ministre de la Justice afin de proposer des mesures de nature à verrouiller les conditions d'octroi de la grâce à ses différentes étapes».
Voilà qui est de nature, à moins d’un revirement - une option d'ailleurs à ne pas écarter - à renforcer le rôle du département du Mustapha Ramid au détriment du cabinet royal.
Des têtes vont tomber
Sans aller jusqu’à présenter des excuses au nom du roi Mohammed VI aux onze familles des enfants violés par le pédophile gracié, le texte rappelle que «Sa Majesté le Roi, en tant que premier protecteur des droits des victimes, de surcroît enfants, et de leurs familles, ne ménagera aucun effort pour continuer à les entourer de sa sollicitude». Et de poursuivre que «l'ensemble de l'action royale démontre à l'évidence, l'attachement du Souverain aux immuables valeurs morales, à la centralité de la promotion des Droits de l'Homme et de la protection de l'enfance ainsi qu'à la défense de la société marocaine contre toute atteinte et actions condamnables par la conscience humaine».
Le texte du cabinet annonce que «le roi a décidé, dès qu'il a été informé des éléments du dossier, qu'une enquête approfondie soit diligentée en vue de déterminer les responsabilités et les points de défaillance qui ont pu mener à cette regrettable libération et d'identifier le ou les responsables de cette négligence afin de prendre les sanctions nécessaires». Des têtes vont tomber mais à quel niveau ?