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Grand Angle

Thaïlande : Des Marocains séquestrés après une arnaque à l’emploi

Selon de récentes révélations, des milices armées en Thaïlande auraient séquestré des jeunes Marocains. Attirés par de fausses promesses d’emploi dans le e-commerce, les victimes ont été obligées de travailler devant des ordinateurs pendant de longues heures. Le gouvernement thaïlandais a affirmé être disposé à coopérer avec les autorités de tous les pays des citoyens concernés.

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Ce vendredi 3 mais, l’ambassade de Thaïlande au Maroc a réagi officiellement à la séquestration de jeunes Marocains par des milices armées dans le pays asiatique. Les victimes ont fait l’objet de hameçonnage, pensant avoir décroché des emplois aux salaires élevés dans le e-commerce.

Dans son communiqué, l’ambassade de Thaïlande au Maroc a affirmé que le phénomène des «réseau criminels internationaux attirant des ressortissants de pays d’Afrique dans certaines régions du sud-est asiatique» était «relativement récent» et concernait «des citoyens de nombreux pays du monde». Par ailleurs, la représentation diplomatique a assuré que «les gouvernements en Asie du sud-est et en Afrique travaillent ensemble pour y faire face».

Les citoyens arnaqués par ces réseaux de cybercriminalité et de trafic d’êtres humains étant issus de «divers pays africains et pas seulement du Maroc», il est actuellement «difficile de localiser ou de déterminer le nombre précis et les nationalités des victimes présumées», souligne la même source. Pour autant, l’ambassade insiste «les enquêtes des agences nationales et internationales chargées de l’application de la loi sont en cours».

Par la même occasion, l’ambassade a affirmé que le gouvernement thaïlandais avait donné ses instructions aux représentations du pays en Afrique, «ordonnant l’application de mesures préventives supplémentaires dans l’octroi des visas, afin de réduire les risques que des ressortissants africains deviennent victimes de ces activités criminelles ou se servent de la Thaïlande comme point de transit, en tant que hub aérien en Asie du sud-est».

«Généralement, nombre de personnes demandent des visas de bonne foi, motivées par la réalisation de gains financiers mais leurrées par des indications trompeuses, qui sont diffusées par ces réseaux internationaux. Ces individus fournissent parfois de fausses informations aux ambassades, invoquant le tourisme ou d’autres motifs légitimes pour leur voyage. Certains ont peut-être été aidés par ces mêmes réseaux pour fournir des données erronées ou de faux documents aux ambassades.»

Ambassade de Thaïlande au Maroc

Dans ce sens, la représentation a réaffirmé que le gouvernement thaïlandais était «prêt à coopérer» avec ses homologues «de tous les pays dont les ressortissants sont retenus par ces réseaux».

L’affaire des ressortissants marocains soulevée au Parlement

S’agissant de l’enlèvement et de la séquestration de dizaines concitoyens marocains en Thaïlande dans ces circonstances, la députée de la Fédération de gauche démocratique, Fatima Zohra Tamni, a questionné le chef de la diplomatie Nasser Bourita.

Selon l’élue de gauche, les informations disponibles indiquent que ces jeunes ont été enlevés et retenus dans des complexes résidentiels à la frontière avec Myanmar. Depuis là-bas, ils travaillent dans des conditions inhumaines et sous la contrainte, pour des réseaux de fraude via Internet.

La députée ajoute que les victimes sont exploitées, forcées de travailler 17h par jour devant des ordinateurs, privés de repos et de sommeil adéquat. Lorsqu’elles tentent de contacter leurs familles, ces victimes font également l’objet de tortures de la part des membres des milices qui les détiennent.

Fatima Zohra Tamni fait par de la profonde inquiétude des familles des jeunes séquestrés, piégés par des offres professionnelles alléchantes qui s’avèrent être de fausses promesses d’emplois dans le e-commerce. Dans ce sens, la député a interpelé Nasser Bourita sur les mesures prises par le gouvernement marocain pour traiter ce dossier.

L’élue a également questionné le chef de la diplomatie sur les éventuels contacts entrepris avec les autorités thaïlandaises et birmanes, pour mettre en œuvre les mesures nécessaires afin de sauver ces jeunes de leur calvaire.

Hameçonnage, détention et traitement brutal

Parmi les personnes enlevées en Thaïlande, un ressortissant marocain prénommé Youssef a révélé l’affaire, via une story sur Instagram. Il a appelé ses abonnés à diffuser l’information à grande échelle, afin de faire parvenir son témoignage jusqu'aux autorités compétentes.

Originaire d’Azilal, Youssef affirme se trouver «dans un endroit inconnu» avec d’autres personnes, dont des ressortissants marocains, qui vivent tous «les pires jours de leur vie». Il a notamment fait savoir qu’il avait pu mettre en ligne son message avec l’autorisation de ses «ravisseurs» qui, selon lui, exigent une rançon pour sa libération.

Dans une vidéo également mise en ligne sur Instagram, Youssef a affirmé que son objectif n’est pas de faire le buzz, comme le prétendent certains, mais se faire entendre auprès des responsables et faire connaître la souffrance qu’il est en train de vivre.

Au Maroc, Zahra, la sœur de Youssef, a révélé que son frère avait subi «différents types de tortures et de mauvais traitements», ce qui lui a provoqué «des blessures à plusieurs endroits du corps». Selon elle, les kidnappeurs auraient finalement confisqué le téléphone à son frère.

Zahra a déclaré avoir eu une conversation téléphonique avec Youssef, samedi dernier à travers une autre personne. Selon sa sœur, le jeune homme n’a pas donné tous les détails des sévices qu’il a subi, mais il a indiqué que les milices qui le détiennent le traitent avec encore plus de cruauté et de violence, après qu’il ait médiatisé la situation.

Concernant les circonstances du départ de son frère, Zahra indique qu’il a entrepris un voyage touristique en Turquie, en février dernier. Youssef est parti ensuite en Autriche, où il a été accueilli par un inconnu appelé «L’haj». Plus tard, la sœur a été surprise de découvrir que son proche se dirigeait vers la Malaisie, puis vers la Thaïlande, où une personne lui aurait promis du travail.

Article modifié le 06/05/2024 à 18h15

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