La cérémonie de clôture du premier congrès de la jeunesse du Parti Justice et Développement (PJD), qui était prévue ce samedi à Tanger, n’aura finalement pas lieu. Les autorités marocaines ont décidé de l’interdire pour «des raisons de sécurité et de maintien de l’ordre», a indiqué, sous anonymat, l’un des responsables du ministère de l'Intérieur à l’AFP.
«Hier (vendredi) vers 22H00 (…), un responsable des autorités locales nous a délivré un document interdisant cette cérémonie, qui devait avoir lieu sur la place des Nations unies», dans le centre-ville de Tanger, a indiqué, Khalid Bougueri, dirigeant PJDiste, joint au téléphone par l’agence de presse française.
Quelques 2600 jeunes sont en effet réunis depuis une semaine à Tanger dans ce qui constitue le premier rassemblement de la jeunesse du parti de la Lanterne depuis la nomination d'Abdelilah Benkirane à la tête du gouvernement. Bien que la présence du Premier ministre n’a pas été inscrite au programme, ce dernier devait tout de même prononcer «un petit mot» lors de la cérémonie de clôture, confie Khalid Bougueri.
«C’est une humiliation pour notre parti»
Les débats ont été intenses lors de ce congrès. Les critiques ont fusé, notamment sur l'entourage du roi, que les militants accusent de faire de l'ombre au gouvernement. «Qui gouverne véritablement le Maroc? Qui détient le pouvoir, le vrai pouvoir? Pourquoi ne pas prendre comme exemple l'expérience turque ou égyptienne?» s'est ainsi interrogé à haute voix un jeune islamiste.
«Nous sommes arrivés au gouvernement, mais pas au pouvoir. La preuve: cette cérémonie d'allégeance au roi» a ajouté un autre intervenant islamiste, en référence à la pratique de la Beyâa, qui a fait polémique dans les semaines qui ont suivis la Fête du trône. «Nous respectons le roi mais on ne se prosterne que devant Dieu», a lancé un autre participant.
Cette montée en charge de l’aile dure du parti contre la monarchie a essentiellement pris corps vers la fin du congrès. Pour de nombreux cadres du parti, elle constitue une explication vraisemblable du refus des autorités marocaines quant à la tenue de la cérémonie de clôture. Il s’agit d’«un acte de vengeance contre les travaux du congrès», a ainsi pesté Abdelali Hamiddine, un des dirigeants du parti.
«C'est une humiliation pour notre parti et il ne faut pas rester les bras croisés», a renchéri de son côté le député islamiste, Abdelaziz Aftati, auprès de l’AFP.
La hache de guerre vient donc d’être (re)déterrée. De mauvaise augure pour les rapports entre le roi Mohammed VI et le Premier ministre, que d’aucuns jugeaient déjà comme difficiles…