Pour avoir mangé en public pendant le mois de ramadan, un jeune Marocain vient d’être placé derrière les barreaux. Arrêté à Rabat, pendant qu’il prenait un repas en plein jour, le jeune homme a été condamné à trois mois de prison ferme, vendredi 24 août, a fait savoir, mardi, une source judiciaire à l’AFP. «Ce jeune a été arrêté par la police alors qu’il était en train de manger publiquement dans la médina de Rabat», explique la même source, sans fournir plus de détails sur l’affaire.
Au nom de «la liberté individuelle»
Le mis jeune Marocain reconnu coupable pourra faire appel de ce jugement. Il a indiqué avoir agi au nom de la liberté individuelle. «Au cours de son interrogatoire, il a affirmé qu’il avait accompli cet acte par conviction et que cela faisait partie de sa liberté individuelle», a déclaré Abdelhamid Amine, vice-président de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), à l’AFP.
A l’origine de cette condamnation, l’article 222 du Code pénal marocain. «Celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan, sans motif admis par cette religion, est puni de l'emprisonnement d'un à six mois et à une amende». Si cet article est toujours en vigueur au Maroc, cela faisait longtemps qu’il n’avait plus été appliqué.
«Personnellement ça me fait de la peine, ça ne reflète que l’irrespect des libertés individuelles et des droits de l’homme. Même si la loi était en application, il n’y avait pas de procès. Mais maintenant, c’est vraiment décevant et je crois que ça va empirer. Si on commence à enfermer les gens pour avoir exercé leur liberté individuelle ça sera grave», a réagi Imad Eddine Habib, co-fondateur du Collectif pour le respect des libertés individuelles au Maroc, sur la radio RFI.
Cette condamnation intervient dans un contexte marqué par la fondation du mouvement «Massaymiche» (nous ne jeûnons pas). Ce groupe avait appelé à plusieurs reprises à manger, boire et fumer pendant le mois sacré. Leur objectif étant de «défendre le droit de ne pas jeûner pour les non croyants». Un droit qui, visiblement, n’est pas prêt à être défendu au Maroc.