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France : L’inspection du travail, l’arme secrète des autorités contre le «séparatisme»

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Image d'illustration. / DR
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En France, la préfecture du Val-de-Marne essaie de détourner les missions de l’inspection du travail pour cibler des lieux suspectés de «séparatisme», malgré une note du ministère du Travail qui rappelle qu’elle n’a pas pour but de luter contre l’islam radical, a révélé cette semaine Médiapart. Des notes internes ont permis d’établir, dès février, que les autorités tentaient de faire participer les inspecteurs du travail aux différentes «cellules de lutte contre l’islam radical» (Clir), au moment où le ministère de l’Intérieur cherchait à déployer tous les services de l’État pour fermer légalement les lieux suspectés de «séparatisme», sans toujours disposer de preuves tangibles.

À l’époque, les préfectures demandaient aux directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi de se pencher sur «la communauté tchétchène, des kebabs halal ou des barbiers musulmans», de manière arbitraire et sans signalement préalables. Les syndicats dénonçaient alors le détournement de leurs missions «à d’autres fins, à savoir la lutte contre la radicalisation religieuse», alors que les autorités cherchaient à «trouver des infractions a posteriori».

Malgré les rappels à l’ordre du ministère du Travail, les dérives ont continué sous d’autres formes. Les préfets ont commencé à utiliser les comités départementaux anti-fraude (Codaf), bien que leur mission soit «les fraudes sociales ou la lutte contre le travail illégal». Parmi les actions menées, certaines visaient «spécifiquement des associations musulmanes sans qu’aucun soupçon de travail dissimulé n’ait été préalablement établi».

«Les fiches de mission émises par la préfecture montrent qu’elle cible des établissements en ne s’appuyant sur rien d’autres que des motifs religieux. Leur motivation concerne en réalité des suspicions d’islam radical mais cela n’a rien à voir avec les missions.»

Un inspecteur du travail a dénoncé «une véritable instrumentalisation des services», rapportant que là où la préfecture devait préciser le motif de l’infraction justifiant le contrôle, elle ne présentait que les aspects religieux de l’association visée. Au total pour le mois d’octobre, cinq associations musulmanes ont été ciblées de cette manière, sans aucune référence à la fraude ou au travail dissimulé dans les feuilles de mission du Codaf.

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