La ministre espagnole des Affaires étrangères évite d’ajouter de l’huile sur le feu dans la crise diplomatique avec le Maroc. «J'ai essayé d'être discrète à l'égard du Maroc car je pense que nous devons rétablir la situation. Nous créons les conditions (de la reprise) par la discrétion. Je ne veux rien dire ou faire qui pourrait remettre en cause notre volonté de reprendre notre relation avec nos interlocuteurs marocains», a précisé ce mardi Arancha Gonzalez dans une interview accordée à la Radio Cadena Ser (proche du PSOE).
«Nous allons désamorcer la tension avec le Maroc avec discrétion et peu de bruit. C'est une situation que l'Espagne n'a pas recherchée et ne souhaite pas qu'elle se poursuive», a-t-elle indiqué. Depuis le retour de Brahim Ghali en Algérie, le gouvernement espagnol a tourné la page de l’escalade verbale et tendu la main aux autorités marocaines.
Le 11 juin, des «sources diplomatiques» ont confié à EFE qu’elles «sont raisonnablement satisfaites du progrès réalisé grâce à une diplomatie discrète pour réorienter la relation avec le Maroc vers la normalité». Les mêmes sources n’ont pas souhaité révéler si cette «reprise du dialogue» est l’œuvre des deux chefs de diplomatie ou s’il existe d’autres canaux de contacts entre les deux pays voisins.
L’effet de l’échec de la rencontre Sanchez-Biden bien visible
La question du Sahara était au menu de l’interview. Une nouvelle fois, la cheffe de la diplomatie a été invitée à se prononcer sur la position de l'administration Biden vis-à-vis de la reconnaissance par Donald Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara. «C’est aux Etats-Unis de décider de leur position sur le Sahara. Ce que l'Espagne a toujours dit, c'est qu'il est important que nous donnions une impulsion aux négociations aux Nations unies», a-t-elle expliqué, en assurant que le différend régional «n’était pas inscrit sur l’agenda du premier contact entre Sanchez et Biden». Sans doute, la ministre se réfère aux dizaines de secondes que le président des Etats-Unis a daigné concéder à Pedro Sanchez en marge du sommet de l’OTAN.
Force est de constater que sur ce dossier, Arancha Gonzalez a revu à la baisse ses espoirs de révision profonde par Biden de la décision prise, le 10 décembre, par son prédécesseur à la Maison Blanche. La ministre des Affaires étrangères avait, en effet, révélé le 14 décembre que le gouvernement de coalition de gauche en Espagne a initié «une série de contacts» avec l’équipe Biden avec l'espoir de «retourner au multilatéralisme», précisant qu’«il n’y a pas de place à l’unilatéralisme dans la gestion des relations internationales». La cheffe de la diplomatie avait, par ailleurs, souligné que c’est à la prochaine administration de Joe Biden que «revient d’évaluer la situation et voir de quelle manière elle va se positionner et travailler en vue d’une solution juste et durable qui ne dépend pas d’un alignement d’un moment sur un camp ou sur l’autre».
Cinq mois après son investiture, le président américain et son chef de diplomatie évitent de décliner leur position sur cette question, soufflant le chaud et le froid. Un message aux autres acteurs internationaux et aux protagonistes que les Etats-Unis ont toujours le dernier mot sur le différend territorial.