Alors qu’elle s’apprête à lancer, jeudi, l’examen externe du nouveau vaccin de Pfizer, coproduit avec l’Allemand BioNTech, la Food and Drug Administration (FDA), a publié mardi un document d'information sur les résultats des essais cliniques de ce vaccin contre la Covid-19. Un document qui fait suite à la demande d'autorisation d'utilisation d'urgence (EUA) de Pfizer et BioNTech, soumise le 20 novembre à la FDA pour un vaccin COVID-19 expérimental (BNT162b2). Ce vaccin, utilisant la technologie de l'ARN messager, est suggéré chez les personnes âgées de 16 ans et plus, avec deux injections de 30 µg chacune, administrées à 21 jours d'intervalle.
Des experts ont d’ores et déjà commenté ce document d’informations, en assurant que le vaccin présente une efficacité et une sécurité rassurantes.
Efficacité et réactions immunitaires
Ainsi, il en ressort qu'une injection unique permettrait déjà une réaction dès le 10e jour, tandis que l'effet devient «très significatif» après la deuxième injection. La deuxième bonne nouvelle est que le vaccin de Pfizer & BioNTech fonctionne chez les patients asymptomatiques avec comorbidités (cardio-pulmonaires, rénales, HTA, diabète), indépendamment de l'âge, bien que l'échantillon reste faible, du sexe, ou l'origine ethnique.
Seconde bonne nouvelle, ça a l'air de fonctionner chez les patients (asymptomatiques) avec comorbidités (cardio-pulmonaires, rénales, HTA, diabète). Pour le cancer, pas très significatives les data... à revoir. pic.twitter.com/wyRiywjyYj
— Le Doc (@Le___Doc) December 8, 2020
Quant à la réponse immunitaire induite, elle reste «humorale ET cellulaire», ce qui constitue une troisième «bonne nouvelle», écrit le docteur Eric Billy, généticien, sur Twitter. Il assure que, bien que l’échantillon reste «assez faible», le vaccin déclencherait une réaction 4 à 10 fois supérieure.
Mode info COVID: Pfizer/BioNTech
— Eric Billy ???? (@EricBillyFR) December 8, 2020
Premiers commentaires, la réponse immunitaire induite est humorale ET cellulaire. Bonne nouvelle.
a partir de la page 22 du document ci-dessoushttps://t.co/FCZUlQW8KJ pic.twitter.com/BJOaTfH63D
Quant à la réponse humorale, «on obtient des taux d'anticorps neutralisants équivalents ou supérieurs à ceux détectés chez des patients Covid+», notant que «la neutralisation est complète».
Vaccination et effets secondaires
Le document de la FDA, analysé par les experts, montre aussi quelques effets secondaires du vaccin. Ils évoquent «peu de morts», dont le nombre reste inférieur à celui dans le groupe placebo. Il s’agit de décès qui restent «attendus et prévisibles».
3 effets indésirables significatifs ont été attribués au vaccin
— Le Doc (@Le___Doc) December 8, 2020
1. Douleurs de l'épaule (côté du vaccin)
2. Des ganglions (réaction immunitaire)
3. Trouble du rythme ventriculaire
--> rares : 3 sur 21.823 patients (soit env 0.01%)
(Les appendicites semblent être du bruit stat) pic.twitter.com/INRVDAON77
Ainsi, le Cardiologue et spécialiste des maladies vasculaires, Florian Zores note que localement, «le point d'injection est rouge, chaud, douloureux», ce qu’il considère comme «normal», car il s’agit d’une inflammation traduisant «la réaction du système immunitaire qui permettra d'assimiler le vaccin».
Il évoque ainsi des «symptômes grippaux post injection», qui n'ont «aucune gravité». «Les effets secondaires dans le groupe vaccin sont avant tout liés à l'injection en elle-même. Donc aucune inquiétude à nouveau, c'est explicable et normal, ça dure 2 à 3 jours et ça passe», rassure-t-il. Et de rappeler, quant aux «quelques adénopathies (augmentation de la taille des ganglions) au niveau du bras et du cou, ayant duré une dizaine de jours chez certains patients, que les ganglions restent «le refuge des globules blancs», ce qui est «même normal».
Questions en suspens
Florian Zores a également réagi à certaines fausses informations relatives à l’apparition d'appendicites chez les personnes vaccinées. «Il y a un peu plus (8 vs 4) d'appendicites dans le groupe vacciné. Sur 40 000 patients. Cette différence est probablement purement due au hasard», affirme-t-il en insistant sur la nécessité d’une «surveillance dans les mois qui viennent», bien qu’il «n'y a aucun signal inquiétant».
«Notez que ça n'annule pas le risque totalement : il reste un risque infime de faire une Covid après vaccination», met-il en garde.
Le cardiologue évoque aussi quelques questions qui restent en suspens. Il estime que «les patients à risques sont sous-représentés», tandis que «les plus âgés sont très peu nombreux», tout comme les formes graves d’une infection à la Covid-19. «On ne sait pas si le vaccin diminue le risque de faire une forme grave à un patient qui ferait une Covid malgré le vaccin», estime-t-il.
Limites et interrogations
— Florian Zores (@FZores) December 9, 2020
> Peu de données sur les plus de 65 ans
> On ne peut pas conclure pour les formes graves car les effectifs sont insuffisants.
> aucune info sur une éventuelle diminution de contagiosité
> Quid des patients ayant déjà fait une COVID ?#Fin
Le praticien évoque également la question de la contagiosité. «Le vaccin diminue-t-il la contagiosité ? Peut-être, ou pas. On n'en sait rien, ça n'a pas été étudié. Il faut donc considérer (tant qu'on n'a pas d'étude) qu'un sujet vacciné peut être contagieux s'il inhale le virus», considère-t-il, en insistant sur la nécessité de respecter le port de masque et des mesures barrières.