Le Conseil national de l'environnement devrait lancer une alerte. «Toutes les études sur l'air convergent pour dire qu'aujourd'hui nous avons atteint le seuil critique en matière de pollution atmosphérique à Casablanca. Devant cet état de fait, c'est au Conseil national de l'environnement de se réunir pour prendre les mesures nécessaires et lancer l'alerte», indique le professeur Zoubida Bouayad El Mejjad, responsable du service de pneumologie au Centre hospitalier universitaire (CHU) 20 Août à Casablanca.
Un Conseil national de l'environnement qui est entré depuis quelques années dans une longue hibernation. Celui-ci ne s'est pas réuni depuis 2001, alors que le thème de la protection de l'environnement ne cesse de peser dans les débats politiques sous d'autres cieux.
Des études sur l'évaluation des impacts de la pollution atmosphérique sur la santé ont montré qu'à Casablanca, lorsque l'on passe du niveau bas au niveau élevé pour les fumées noires, on observe des augmentations de certains problèmes de santé allant jusqu'à 9% de la mortalité brute, 6% des consultations pour asthme et 37,8% des consultations pour infections respiratoires chez les enfants de moins de 5 ans.
«Pas de panique, répond Abdelaziz Ouldbba, ingénieur à la Météorologie nationale. Il est vrai que dans notre pays, le taux de soufre est très élevé dans notre gasoil par rapport aux normes de l'Organisation mondiale de la santé. Mais il n'y a pas de baguette magique pour résoudre le problème de la pollution de l'air, à cause des enjeux économiques. Il faut prendre le temps de réfléchir. Nous travaillons à la mise en place d'un système de prévision de la qualité de l'air». L'aboutissement d'un tel système assurera une véritable intégration des préoccupations environnementales dans les plans d'aménagement des villes, dans une perspective de développement durable.
Pour le moment, le public, lui, s'interroge sur la lenteur des mesures, alors qu'une loi a déjà été votée en 2003. « Effectivement, il existe une loi sur la pollution de l'air depuis 2003. Mais maintenant, nous travaillons sur les textes de son application. Ces textes concernent les formes de rejets et les standards internationaux», indique Abdelhay Zerouali, directeur de la surveillance et de la prévision des risques au ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Eau et de l'Environnement.
Autre problème portant préjudice à l'environnement, le retard accumulé dans le secteur de l'assainissement liquide et solide. Dernièrement, le gouvernement s'est décidé à lui consacrer 43 milliards de dirhams pour une durée de dix ans. « Encore une fois, nous avons tardé à réagir. Si nous l'avions fait en 1980, cela nous aurait coûté le tiers de cette somme. Il faut mettre en adéquation la volonté politique avec l'adoption, la promulgation et l'application des lois. Un grand nombre de dossiers sont bloqués au secrétariat général du gouvernement», explique un expert.
Ciel noir
Ces “faux” nuages de fumée noire font désormais partie de notre paysage quotidien.
Forum de concertation
Le Conseil national de l'environnement (CNE) créé en 1980 et restructuré en 1995 à l'issue du Sommet de la Terre en 1992 et ce, pour tenir compte de la nouvelle vision de l'environnement et intégrer le concept de développement durable, est un organe au sein duquel sont représentés les départements ministériels concernés par l'environnement et le développement durable, qui y siègent en tant que membres, avec les ONG, les associations professionnelles, ainsi que le secteur privé. Le CNE constitue donc un forum de consultation, de concertation et de dialogue et une enceinte de prédilection tout à fait appropriée pour la réalisation d'un grand nombre d'activités et d'actions ayant trait à l'environnement et au développement durable.
Rachid Tarik
Source: Le Matin